Bruxelles Business, une enquête décapante sur le fonctionnement des 2500 lobbies et 15000 conseillers qui se battent autour de l’Union européenne pour conquérir un marché d’un demi millions de « clients ».
Avec plus de 2 500 structures de lobbying, quelques 15 000 « conseillers », Bruxelles se positionne comme le second pôle de lobbying mondial après Washington DC. Comme dans la capitale américaine, les entreprises se battent pour conquérir un marché interne de plus de 500 millions d’Européens.
De la veille réglementaire aux stratégies d’influence, du simple marketing jusqu’à la maîtrise des réseaux décisionnels par l’embauche d’anciens dirigeants européens, les cabinets de « relations publiques » disposent d’un vaste éventail de tactiques pour défendre les intérêts de leurs clients.
A la suite de la démission fracassante du Commissaire à la Santé, John Dalli, écarté pour avoir rencontré « secrètement » des lobbyistes du tabac, l’opacité du secteur continue d’alimenter tous les fantasmes. Dès lors, le citoyen européen peut légitimement s’interroger sur l’influence réelle de ces lobbies dans la construction de l’Europe et de ses lois ?
Au cœur des lobbies bruxellois
Arte, programme ce mardi 12 février, à partir de 20h50, une soirée thématique consacrée au « Bal des lobbyistes » s’interrogeant sur le fait de « savoir si l’Europe ne serait pas devenue une lobbycratie ».
La chaîne européenne présente pour l’occasion deux documentaires originaux : « Bruxelles Business », de Friedrich Moser et Matthieu Lietaert, suivi de « Dans l’antichambre du pouvoir » de Henno Osberghaus et Anna Grün.
Dans « Bruxelles Business », les réalisateurs réussissent à brosser les contours d’un univers socio-politique à part avec ses codes de conduite policés et sa novlangue anglicisée. Une « bulle bruxelloise » que le spectateur explore en compagnie de Pascal Kerneis, un influent représentant des industries de services, qui explique sans détour les rouages de ce business bruxellois :
« C’est un petit monde. Quand vous avez le bon carnet d’adresse, vous ne devez plus contacter qu’une petite centaine de personnes vraiment importantes. Les autres ne sont que des électrons. »
Manque de transparence
Ce documentaire apporte également un éclairage saisissant sur l’influence de la table ronde européenne des industriels (European Round Table, ERT), un groupe de pression fondé en 1983 et regroupant les plus grands « capitaines d’industries » européens (Phillips, BP, Total, Unilever…). D’après les témoignages recueillis, ce « club » aurait joué un rôle majeur dans l’établissement du marché unique puis du traité de Maastricht et la création de l’Euro.
Selon la députée (PS), présidente de la Commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale, Catherine Lemorton :
« Si l’avis des acteurs du monde financier et industriel évite d’être coupé de la réalité d’un pays, la manière dont il pèse sur les décisions manque cruellement de transparence. »
Pour faire face à cette opacité du secteur, l’une des solutions consiste notamment à rendre obligatoire l’inscription des représentants d’intérêts sur un registre public ainsi que la publication par les entreprises des sommes engagées dans une campagne d’influence. Instauré en 2011 sur une base volontaire, seulement 20% des lobbyistes et leurs sociétés étaient inscrits sur le registre bruxellois un an plus tard d’après le collectif Alter-EU.
« Un clash des lobbyistes »
Cependant, si la transparence est indispensable, elle ne constitue pas une fin politique en soit. Elle fait surtout office d’outil pour une réappropriation citoyenne des enjeux communautaires. Un défi que souhaite relever The Brussels Business Online en lançant une plateforme web où les internautes participent à une confrontation d’idées, « un clash des lobbyistes », sur des sujets inscrits à l’agenda européen.
Pour Matthieu Lietaert, le co-réalisateur de Bruxelles Business :
« Au-delà de l’aspect ludique, ce projet permet d’engager une véritable démarche citoyenne reliée à la réalité où chacun peut apprendre, exprimer sa volonté et participer à la décision. La démocratie ne doit plus se limiter à un vote une fois tous les cinq ans, ce temps est révolu… »
https://www.youtube.com/watch?v=grU9pcUNoZo&;feature=player_embedded#!
Source:
DE L’INTÉRÊT DU CONFLIT
Information sur les lanceurs d’alertes, les conflits d’intérêts d’experts et une recherche transparente
https://blogs.rue89.com/de-interet-conflit/2013/02/12/tele-un-documentaire-sur-la-lobbycratie-de-leurope-229634
Journaliste chez Précaire&Militant
Publié le 12/02/2013 à 10h31