Selon un survivant de l’explosion à la mine de Soma (301 morts), les mineurs de toutes religions ont prié avant de mourir ou pour ceux qui mourraient, chacun selon son rite, dans le respect de l’autre. Mais à l’annonce de l’explosion, le gouvernement a immédiatement envoyé 80 imams, le directoire des Affaires religieuses sous tutelle du premier ministre 500 accompagnés de 10 psychologues – plus que le nombre de morts –, et le groupe religieux Ismailaga Cemaati 50. Quant au ministre de l’Éducation, il a autorisé les écoles religieuses dans tout le pays à lire le Coran et à prier pour les victimes de Soma et leurs familles. Les chaînes progouvernementales passaient en boucle les sessions de prière pendant les recherches et les sauvetages. Bref, le Parti pour la justice et le développement (AKP, au pouvoir) a envoyé une « armée » d’imams à Soma. Selon les témoins, ils étaient là en réalité pour calmer la colère des familles. « Ils nous ont dit que nos bien-aimés étaient maintenant au paradis et que nous devions écouter les anciens et les dirigeants du pays. Qu’il ne fallait pas protester, mais rester calmes et prier. Il y a des imams à l’AKP et nous ne leur faisons pas confiance. Ils sont envoyés ici par le gouvernement et pour leur salaire, ils abusent de la religion », a témoigné un parent auprès de la presse. En revanche, les représentants de la société civile (association de défense des droits de l’homme) ou d’autres religions n’ont pu accéder au site bouclé par un cordon des forces de police, renforcé par la brutalité des forces de sécurité lorsque la colère des familles a explosé. Soma était un fief de l’AKP. Cela risque de changer.