Le gouvernement turc a demandé au parlement (et l’a obtenue) l’autorisation pour l’armée à réaliser les opérations transfrontière en Syrie et en Irak dans le cadre de la lutte contre l’État islamique et du maintien de la sécurité nationale ainsi qu’à mettre le territoire turc à la disposition des militaires étrangers. L’autorisation est recherchée pour une année à partir du 4 octobre.
Selon le premier ministre turc Ahmet Davutoglu, l’autorisation sera appliquée sur instruction du gouvernement pour éliminer tous les risques et menaces. Il est souligné dans le texte du document que la demande est adressée au parlement conformément à l’article 92 de la Constitution déterminant, en particulier, la procédure de réaction des autorités et de l’armée aux menaces extérieures.
Le membre du Conseil de direction et directeur du département des programmes internationaux de l’Institut de politique étrangère Oktay Aksoy, ex-directeur du département du protocole d’État du ministère truc des AE, l’ex-ambassadeur de la République turque en Jordanie, a formulé à notre correspondant son opinion sur d’éventuelles conséquences de l’autorisation :
« La Turquie a des craintes sérieuses concernant ce qui se produit actuellement en Syrie. Le durcissement de la garde de nos frontières avec la république arabe et l’autorisation par le parlement d’employer les forces armées pour réaliser les opérations transfrontière sont des mesures exclusivement défensives. On va voir s’il y aura une telle autorisation. Cependant, la Turquie a été contrainte d’appliquer de telles mesures. Les mortiers tombent de temps en temps sur les localités turques à proximité des frontières syriennes.
Le peuple turc ne veut pas la guerre. Les autorités turques n’entendent pas s’embourber dans l’« aventure syrienne » en absence d’une résolution appropriée du CS de l’ONU, au moins de l’autorisation de l’OTAN. Or, la sécurité nationale du pays est aujourd’hui directement menacée. La situation s’accentue. Il n’est pas exclu qu’il soit nécessaire de profiter de cette autorisation.
Dans le même temps, plusieurs de nos citoyens, surtout ceux qui habitent à proximité des frontières syriennes, ont les liens de parenté avec les habitants des provinces Nord de la Syrie. Ils sont préoccupés par le sort de leurs parents, se prononcent pour l’ingérence de la Turquie dans la situation dans la république voisine et la poussent à entreprendre les démarches de plus en plus actives. »
C’était l’opinion de l’expert en vue d’Ankara. Le chef de la filiale régionale du Parti populaire républicain du Hatay Servet Mollaoglu a raconté ce que pensaient les habitants des provinces turques situées à proximité des frontières syriennes :
« Nous avons considéré dès le début la politique proche-orientale de l’actuel gouvernement turc comme erronée et nous ne nous sommes, malheureusement, pas trompés. Le vecteur syrien est tout particulièrement déplorable. La Turquie a soutenu l’opposition en vue de renverser Bashar Assad. L’opposition se montrait initialement modérée ayant ouvert ensuite au monde son vrai visage. Cette politique erronée du Parti de la justice et du développement au pouvoir est à l’origine de la consolidation de l’État islamique et d’autres groupes islamistes radiaux.
Le Parti de la justice et du développement a renoncé dans sa politique proche-orientale au principe « la paix dans le pays, la paix dans le monde » et n’a pas pris en considération la situation géostratégique de notre pays qui nous oblige de construire nos relations avec les voisins sur les principes exclusivement pacifiques. L’autorisation à envoyer les forces armées à l’étranger et à utiliser le territoire pour le séjour des troupes étrangères entre en contradiction avec le contenu pacifique de notre république.
La communauté mondiale attendait de la Turquie des pas plus pondérés et le respect des clauses du droit international et de la sécurité internationale. Or, Ankara ne le prend pas en considération et fait toujours des erreurs inadmissibles dans sa politique régionale. Il est inadmissible de s’ingérer unilatéralement dans les événements dans un pays étranger en absence d’une résolution appropriée du CS de l’ONU. Une telle aventure peut entraîner une tragédie.
Les habitants de la province Hatay et d’autres provinces frontalières sont préoccupés par une telle autorisation parce que cela accentuera la situation sans cela compliquée dans la région. Il est possible que nos localités constituent une cible des commandos des groupes terroristes. Nous autres partisans du Parti populaire républicain, habitants du Hatay, nous déclinons résolument les opérations armées en Syrie et nous nous prononçons pour s’abstenir de tels actes. Les habitants du Hatay ont besoin en premier lieu de la paix et de l’accalmie. Nos parents proches habitent de l’autre côté de la frontière turco-syrienne. Nous avons de très bonnes relations avec eux qui peuvent être compliquées suite au comportement irréfléchi de notre gouvernement.
Ankara compte dans sa politique étrangère sur les pays occidentaux qui nous soutiennent aujourd’hui et nous sont opposés demain. C’est à nous de nous débrouiller après l’intervention. Il convient d’évoquer les événements en Irak. L’intervention suivie du retrait et du chaos. Et après ? Après l’ingérence conjointe en Syrie ne serons-nous pas contraints de supplier les États-Unis qu’ils viennent nous sauver ?
La politique du Parti de la justice et du développement n’a rien à voir avec les réalités, elle est fondée sur les idéaux sous forme de la conception de « néoosmanisme ». Ankara devrait réviser sans tarder sa politique proche-orientale. »
Source : https://french.ruvr.ru/2014_10_02/La-Turquie-le-mandat-d-operation-transfrontiere-les-preparatifs-a-une-guerre-denvergure-7812/