Un nouveau parti néo-bourguibiste et social-démocrate vient d’être agréé sous la houlette de Béji Caïd Essebsi. Nidaa Tounès (l’appel de la Tunisie) fera-t-il le poids face au parti islamo-conservateur ?
Finalement, Nidaa Tounès obtient ce jour 06 juillet 2012 son autorisation légale en tant que parti politique. Il a fallu plus 20 jours pour recevoir cette notification !
Le paysage politique tunisien vient donc de s’enrichir grâce à la naissance d’un nouveau parti de masse qui compte faire le contrepoids au parti islamo-conservateur. Ce mouvement du charismatique Béji Caïd Essebsi est formé principalement par les bourguibistes et les militants syndicalistes. S’est jointe à ce nouveau parti une brochette de personnalités indépendantes très proche de la mouvance social-démocrate.
Le plus difficile reste maintenant à faire. Etablir un ensemble de documents pour séduire les tunisiens et tunisiennes : (1) un règlement intérieur, une petite constitution du parti pour dresser les règles de base au niveau organisationnel et stratégique, (2) définir avec précision les orientations du parti et choisir sans ambiguïté son camp, (3) proposer une feuille de route politique pour le pays en toute objectivité et la défendre énergiquement, (4)installer des antennes régionales en attendant d’établir le schéma d’organisation territoriale du mouvement.
Pour générer une dynamique de proposition, ce parti doit se prononcer, selon nous, sur des questions-clés à même de construire et structurer le présent et le futur de notre pays, à savoir :
– Séparation du religieux et du politique : Nidaa tounès doit se prononcer sans ambiguité sur cette question et ne pas s’enliser dans un jeu de brouillage hypocrite, hypothéquant l’avenir de la Tunisie et faisant table-rase de nos acquis sociétaux.
– Décentralisation et autonomie locale : le parti nidaa tounès s’engage-t-il à inscrire dans son programme politique l’autonomie locale ? c’est une question essentielle pour les tunisiens. L’Etat central n’est plus en mesure de répondre correctement aux attentes locales ;
– Services Publics : le mouvement Nidaa tounès doit être à l’avant-garde des fondamentaux de la République : unité nationale, CSP, dignité humaine, en particulier l’abolition de la peine de mort, égalité intégrale homme-femme, droit au travail, suppression des inégalités sociales, libertés individuelles et collectives, indépendance de la justice, démocratie directe, citoyenne et participative, primauté du service public, non ingérence dans les affaires des pays amis.
Notre soutien sera indéfectible si Nidaa Tounès milite et agit pour concrétiser ces fondamentaux.
Le mouvement Nidaa Tounès sera forcément un parti de gauche puisqu’il regroupe les bourguibistes, les hachedistes et indépendants républicains centristes. Ce mélange savant de l’humanisme bourguibien teinté de laïcité, de la a lutte ouvrière des hachadistes et enfin les valeurs universelles de la démocratie et des libertés véhiculées par les indépendants centristes. Le mouvement enfantera forcément des courants et des sensibilités complémentaires pour créer une dynamique à l’intérieur du parti. Il est fort probable que le paysage politique tunisien sera polarisé à l’avenir par deux formations politiques : une républicaine progressiste représentée par Nidaa Tounès et une formation de droite conservatrice formé par l’aile modérée d’Ennahdha. Une extrême gauche pourra se former autour du POCT et une extrême droite salafiste autour du parti Tahrir. Ennahdha en tant que telle disparaitra dans les dix prochaines années au moment de la stabilisation du système politique tunisien. L’Occident lâchera forcément cette formation une fois il a réalisé ses objectifs géopolitiques et géoéconomiques.
Mustapha STAMBOULI
Source ; https://mustapha-stambouli.blogspot.fr/