Les Salafistes ne feront pas la loi.
Alors que les salafistes font monter les enchères, s’attaquant aux symboles nationaux et exigeant l’application de la loi islamique, la Tunisie profonde et réelle se réveille et se mobilise. Les modernistes et les progressistes commencent à relever la tête et à s’organiser en prévision des prochaines échéances électorales.
Après leur victoire aux élections de la Constituante du 23 octobre, les islamistes ont perdu deux importantes élections au niveau national. D’abord, celles concernant le bureau exécutif de l’Union générale des travailleurs tunisiens, ensuite celles des Conseils scientifiques au sein des universités, qui se sont soldées par une cuisante défaite de l’Union générale des étudiants tunisiens (UGTE, islamiste), qui a obtenu moins de 6 % des sièges sur le plan national.
Selon Mustapha Mezghani, du site Kolna Tounes, ces échecs peuvent avoir deux explications possibles. « La première explication est conjoncturelle et est due à une contre-réaction de la rue par rapport à la manière dont ont été perçus tous les événements qui ont eu lieu depuis les élections du 23 octobre, à la manière dont le gouvernement a géré le pays ainsi qu’aux faits et gestes de nombre des membres de la Troïka, à la permissivité de ce gouvernement envers les courants extrémistes, avec tout ce qui s’est passé à La Manouba ou avec les médias, etc. En ajoutant à cela les changements de position des islamistes malgré les promesses faites – aux Tunisiens – pendant la campagne électorale… »
« La deuxième explication, ajoute-t-il, n’est pas conjoncturelle, et serait toute simple : ceux qui ont voté en masse en faveur des islamistes n’ont pas participé aux élections de l’UGTE ou à celles des conseils scientifiques des universités. Ce ne sont ni des salariés syndiqués ni des étudiants. Ces résultats deviendraient donc tout à fait logiques et le résultat de ces élections ne serait donc pas conjoncturel. »
Dans tous les cas, conclut Mezghani, quelles que soient les raisons de l’échec des islamistes, « le pôle progressiste et moderniste a encore des chances de réussir, et ce en tirant les bonnes leçons de ces élections. »