L’ancien ministre des Affaires religieuses, Boubakar el-Khzouri, ferait-il l’expérience d’une justice plus politique que soucieuse du respect de ses propres lois dans la nouvelle Tunisie démocratique ? Après avoir été disculpé par la Cour de cassation, cet ancien ministre du président Ben Ali est reparti en prison le 7 juin dernier. En cause ? Son implication supposée et surtout forcée dans une affaire de vente de visas saoudiens pour le pèlerinage à La Mecque. Il faut savoir que la vente de ces visas étant sévèrement contingentée par l’Arabie Saoudite, certains de ces précieux laissez-passer ont fait l’objet d’un trafic orchestré par le gendre de l’ancien président. Même s’il a été prouvé qu’El-Khouzri n’a fait qu’obéir aux ordres dans cette affaire, il semble que son profil de théologien moderne, ouvert au dialogue interconfessionnel, ne soit pas du goût de certaines forces influentes actuelles. Dans certains cercles benalistes, on ne lui aurait pas pardonné d’avoir osé jeter sur la place publique cette affaire de visas que le gendre de Ben Ali n’hésitait pas à revendre 4 000 euros pièce. Dans le rang des islamistes radicaux, on n’aurait pas apprécié qu’il demande de faire baisser le son de certains haut-parleurs appelant à la prière, ou qu’il se prononce contre le port du voile intégral.
L. DH.