En Tunisie, le moment est extrêmement grave et l’Histoire jugera chacun selon ses actes.
Les récents et pas derniers événements qui viennent de secouer la Tunisie confirment la crise chronique du pays depuis la « révolution du jasmin » et préfigurent une anarchie totale, porteuse d’une guerre civile que certains souhaitent, que beaucoup redoutent et que j’ai conjecturée dès janvier 2011 sans avoir toujours été bien compris.
Contrairement à la propagande islamiste et aux déclarations fallacieuses de certains idiots utiles qui continuent à accuser des « éléments de l’ancien régime » d’être derrière ces événements, j’accuse clairement Ennahdha en général et Rached Ghannouchi en particulier, ainsi que ses amis d’Al-Qaïda d’en être à l’origine. Après le désenchantement populaire et appréhendant le score qu’Ennahdha risque de faire lors des prochaines élections, le chef de la secte intégriste cherche, en effet, à entretenir un climat d’instabilité favorable à la « révolution islamiste » qu’il espère toujours conduire, comme autrefois Khomeiny, mais avec la bénédiction de John McCain, Joe Lieberman et cheikh Hamad.
Beaucoup ignorent encore, ou feignent d’ignorer, qu’entre les islamistes dits « modérés » et les hordes salafistes, il existe des relations idéologiques et affectives structurelles et ancestrales. Ils ne se répartissent les tâches et ne se partagent les rôles que pour réaliser la théocratie théocratique et totalitaire dont ils rêvent depuis longtemps.
Maintenant que notre pays est entré dans une nouvelle phase de sa destruction programmée et amorcée dès décembre 2010, j’appelle nos forces armées et notre police nationale, deux institutions patriotiques que les traîtres et les comploteurs ont cherché à culpabiliser et à diviser, à :
1. prendre le contrôle du pays,
2. instaurer l’État d’urgence et rétablir l’ordre républicain,
3. déclarer illégitime le gouvernement de la trinité antipatriotique (Ghannouchi, Marzouki, Ben Jafaar),
4. dissoudre et déclarer illégale l’Assemblée constituante, compte tenu de son inutilité et des nombreuses irrégularités au moment des élections du 23 octobre dernier, et revenir à la Constitution de 1959,
5. sévir contre les hordes fanatisées et remettre en prison tous les terroristes qui ont été libérés ou amnistiés par un gouvernement incompétent et irresponsable,
6. rompre toutes relations avec le Qatar et renvoyer immédiatement l’ambassadeur de cet émirat.
7. former un gouvernement provisoire d’unité nationale en attendant d’organiser, dans les six mois, des élections authentiquement démocratiques, sans ingérence étrangère, sans le financement occulte de certains partis par les monarchies du Golfe et sous le contrôle exclusif des Nations Unies,
J’appelle également la jeunesse tunisienne, l’UGTT et l’ensemble des organisations représentatives de la société civile et de la diaspora tunisienne, ainsi que toutes les figures de l’opposition patriotique et moderniste de mettre fin à leurs divisions et de se coaliser contre les forces obscurantistes et terroristes qui mènent le pays au chaos. Je les appelle à mettre la sécurité et la Souveraineté de la Tunisie au-dessus de leurs calculs politiciens et de leurs ambitions politiques. Le moment est extrêmement grave et l’Histoire jugera chacun selon ses actes.
Mezri Haddad est philosophe et ancien ambassadeur de la Tunisie auprès de l’Unesco.
De son exil à Paris, le 13 juin 2012.