Face au regain de popularité de l’époque Ben Ali, à quelques mois des élections législatives et présidentielle, le leader islamiste tunisien Rached Ghannouchi cherche à verrouiller l’espace des libertés afin d’éviter toute comparaison, défavorable pour le nouveau régime, entre la situation actuelle, caractérisée par le doublement du nombre des chômeurs, l’insécurité, le terrorisme et une crise socio-économique sans précédent d’une part, et la stabilité et la croissance économique de l’époque Ben Ali.
Dans un discours prononcé le 13 Aout 2014, le Président du Mouvement Ennahdha, Rached Ghannouchi, a estimé que la glorification de l’ancien régime et de l’ere Ben Ali devrait être considérée comme une « forme de terrorisme » et a demandé que toute apologie de Ben Ali soit interdite par la nouvelle loi anti-terroriste qui sera bientôt votée par l’Assemblée Constituante.
Accusant Ben Ali d’avoir eté « le plus grand terroriste », le dirigeant islamiste a dit ne pas comprendre l’attitude des membres de l’assemblée constituante (dominée par Ennahdha) qui n’ont pas encore songé à criminaliser les tentatives de ceux qui « veulent glorifier Ben Ali et la période de son règne ».
Réagissant aux propos de Ghannouchi, le chroniqueur Mansour M’henni s’est interrogé: « La vraie question est de savoir pourquoi une telle déclaration de Ghannouchi, maintenant ? Alors que nous savons tous que le vrai conflit entre Ennahdha et Ben Ali est né du refus de ce dernier de s’aligner sur un projet de société islamiste et son obstination à continuer le projet de Bourguiba ! «
« La Cheikh se sentirait-il plus en confiance par le fait de la dernière victoire de son disciple turc, en vue de remettre sur le tapis son projet de société du bon vieux temps ? »
Selon M. M’henni, la Tunisie n’a pas besoin de glorifier Ben Ali, dont elle a définitivement tourné la page. « Mais, à moins d’une nouvelle politique de la répression de la liberté d’expression et d’opinion, et même malgré elle s’il le faut, la Tunisie vantera toujours les pages glorieuses de son développement passé, surtout au vu de la misère qu’elle voit pointer à l’horizon, du fait d’une gouvernance catastrophique conduite par la troïka, solidement bridée par le parti de Ghannouchi. «
« Finalement », écrit encore l’auteur, « nous savons que le jeu est électoral et l’enjeu électoraliste. «
Sources: www.tunivisions.net – www.mosaique.fm