Pourquoi la classe politique tunisienne courtise l’Algérie ? Alors qu’un certain froid s’installe dans les relations entre Alger et Tunis, en raison notamment du soutien d’Ennahdha à certains partis islamistes algériens, l’extradition de l’ancien premier ministre libyen à Tripoli, en violation des droits d’asile les plus élémentaires, la tentative de Tunis de mettre Alger devant le fait accompli avec l’initiative avortée dite des « cinq libertés », la célébration du 50e anniversaire de l’indépendance de l’Algérie, le 5 juillet, a été mise à profit par les dirigeants tunisiens pour essayer de dissiper ce malentendu.
Ainsi, à l’occasion de la Fête nationale d’Algérie, l’ambassade algérienne a organisé une réception qui a vu affluer tout le gotha de la classe politique tunisienne. Il y avait les trois présidents actuels, à savoir le président de la République, Moncef Marzouki, le chef du gouvernement, Hamadi Jebali et Mustapha Ben Jaâfar, président de l’Assemblée nationale constituante. Ce n’est pas fini, on a enregistré la présence, également, de Foued Mebazzaâ, ancien président intérimaire de la République et Béji Caïd Essebsi, ancien premier ministre. En somme, on peut dire qu’ils étaient cinq présidents à assister à cette réception, sachant qu’il est très rare, voire impossible qu’un président de la République se rende en personne à une réception d’ambassade. D’autre part, parmi les nombreux invités ayant répondu présents à cette cérémonie, on citera notamment le général Rachid Ammar, l’ex-premier ministre sous Ben Ali, Hédi Baccouche ainsi que bon nombre de membres du gouvernement, de chefs de parti et de constituants et autres hommes du monde des affaires et du secteur de la culture et de l’information.
Pourquoi ce regain d’intérêt tunisien pour ce pays voisin qui n’a pas caché, par médias interposés, son mécontentement de la gestion chaotique des questions stratégiques et sécuritaires après le changement de régime ? Sous l’ancien régime, les relations entre les deux pays étaient exemplaires. Depuis la montée en puissance des salafistes, Alger accuse à mots couverts certains milieux à Tunis de jouer avec le feu et de rendre plus compliquée la politique algérienne de lutte contre le terrorisme. À suivre.