Malgré l’interdiction par la loi américaine des assassinats des chefs d’état étrangers, Donald Trump, qui n’est pas à sa première violation du droit international, voire du droit américain tout court, vient de reconnaître, dans un entretien accordé à sa chaîne populiste préférée Fox News, avoir songé à faire assassiner Bachar al-Assad en 2017. La réaction de la Syrie ne s’est pas faite attendre. Elle a qualifié l’Administration Trump d’ « État voyou et hors-la-loi. »
Par Philippe Tourel (avec agences)
Dans une déclaration à l’agence officielle syrienne SANA, une source officielle du ministère des Affaires étrangères et des Expatriés a indiqué que « les déclarations du président de l’administration américaine sur le ciblage du président Bachar al-Assad démontrent clairement le niveau auquel la pensée et le comportement politique imprudent de l’administration américaine sont descendus, et ne représentent qu’un régime de bandits qui pratiquent le crime pour parvenir à leurs objectifs. »
Interviewé le mardi 15 septembre sur la chaîne Fox News, l’actuel locataire de la Maison-Blanche avait déclaré :
«Je croyais qu’il serait mieux de l’éliminer. Nous étions prêts. Toutefois, Mattis (le patron du Pentagone à l’époque) était contre. En fait, Mattis est un général très surcoté».
Selon lui, le plan visant à assassiner le dirigeant syrien a été élaboré en 2017. Or, le leader américain indique ne pas regretter le fait qu’il n’a été jamais mis en œuvre car son succès n’était pas garanti.
Flagrant délit de mensonge
En septembre 2018, Donald Trump avait affirmé le contraire. Il prétendait n’avoir jamais évoqué avec le chef du Pentagone l’éventuel assassinat du Président syrien, contrairement à ce qu’affirme le journaliste d’investigation Bob Woodward.
«Cela n’a jamais été même discuté. Cela n’a jamais été même envisagé», a alors déclaré M. Trump, qualifiant les déclarations de M. Woodward de «pure fiction».
Trump était interrogé dans le Bureau ovale sur un passage du livre Fear : Trump in the White House du journaliste Bob Woodward, selon lequel le président américain aurait appelé son ministre de la Défense, Jim Mattis, et lui aurait dit, en termes très directs, qu’il souhaitait assassiner le président syrien. Jim Mattis avait annoncé le 20 décembre 2018 qu’il quittait son poste, critiquant notamment la stratégie diplomatique de Donald Trump après l’annonce du retrait des troupes américaines en Syrie.
On se rappelle la réaction colérique en avril 2017, quand les Casques Blancs, une officine pseudo humanitaire travaillant au service des terroristes syriens, avaient mis en scène un bombardement chimique à Khan Cheykhoun, localité contrôlée par le groupe terroriste Al-Nosra, filiale syrienne d’Al-Qaïda. Les Casques Blancs avaient montré des images insoutenables de cadavres d’enfants morts asphyxiés. Damas avait nié en bloc son implication dans ce bombardement, accusant les rebelles d’un grossier montage pour provoquer une attaque américaine contre le pouvoir syrien. C’est effectivement ce qui s’est passé. Influencé par sa fille Ivanka, sa première assistante et épouse de Jarid Kushner, un autre conseiller présidentiel qui avait concocté le désastreux Deal du Siècle, Donald Trump, ordonna le bombardement d’une base aérienne syrienne, avant d’annoncer le retrait des forces américaines de la Syrie. Une décision critiquée par James Mattis qui finit par démissionner de son poste à la tête du Pentagone. Cependant, soumis à des pressions de la part de l’état profond américain, cette décision de retrait n’a jamais été appliquée.