
Les trois membres du Congrès américain entrés illégalement en Syrie
Des membres républicains du Congrès se mêlent à des groupes terroristes soutenus par les États-Unis et accusés de violations des droits de l’homme.
Par VANESSA BEELEY
Le dimanche 27 août 2023, trois membres républicains du Congrès sont entrés en Syrie par le poste frontière de Bab Al Salameh, entre la Turquie et la Syrie.
French Hill, Scott Fitzgerald et Ben Cline ont suivi les traces peu glorieuses du sénateur John McCain qui a rencontré des dirigeants de groupes terroristes en Syrie en 2013 et 2017.
Les trois « législateurs » auraient été escortés par les membres de deux groupes armés extrémistes qui contrôlent le point de passage de Bab Al Salameh – la brigade Hamzah et la brigade Suleiman Shah. Ces deux groupes ont récemment fait l’objet de sanctions américaines de la part de l’administration Biden pour des violations présumées des droits de l’homme, notamment des enlèvements de civils, des viols et des actes de torture.
La division Hamzah s’est formée en 2016 en tant que groupe d’opposition armé impliqué dans des enlèvements, des vols et des actes de torture. Un rapport de l’ONU de 2021 accuse la Division Hama de mauvais traitements et de tortures ayant directement causé la mort dans les localités de Hawar Killis, Rai et dans des sites de détention informels.
En outre :
…la division Hamza a été impliquée dans une répression brutale sous sa direction. Elle a notamment enlevé des femmes kurdes et infligé de graves sévices aux prisonniers, entraînant parfois la mort.
La brigade Suleiman Shah, une composante de l’Armée nationale syrienne et de l’opposition armée au gouvernement syrien, exercerait un contrôle important sur les civils dans la région d’Afrin.
La brigade a pris pour cible les résidents kurdes, dont beaucoup sont victimes de harcèlements, d’enlèvements et d’autres abus.
Le chef de la brigade Suleiman Shah, Mohammad Hussein al-Jasim (Abu Amsha), est accusé d’avoir ordonné à la milice d’enlever des résidents locaux, d’exiger une rançon et de confisquer leurs biens. Il aurait également violé la femme d’un membre de la brigade et l’aurait menacée de violences si elle ne gardait pas le silence.
Son frère cadet, Walid Hussein al-Jasim, a également été sanctionné jeudi. Il doit répondre de plusieurs chefs d’accusation liés à des agressions sexuelles contre des femmes.
French Hill a contribué à doubler la pression des sanctions sur le peuple syrien avec le projet de loi de septembre 2022 visant à « perturber et démanteler la production et le trafic de stupéfiants d’Assad » et la « loi de normalisation anti-Assad » de mai 2023.
La méchanceté de ces deux projets de loi est sans commune mesure. J’ai déjà parlé de l’implication de la BBC dans la justification de la loi Captagon – des affirmations non fondées selon lesquelles le président Assad a transformé la Syrie en un « Narco-État ». La loi anti-normalisation n’est rien d’autre que le reflet de l’impuissance des États-Unis face à leurs alliés, l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, qui acceptent le retour du président Assad et de la Syrie dans le giron de la Ligue arabe :
« La normalisation des relations avec la Syrie ne fera que légitimer les actes odieux de son régime. Je suis fier de me joindre au député Wilson pour présenter la loi anti-normalisation d’Assad, qui condamne la normalisation des relations avec Bachar el-Assad et impose des sanctions à ceux qui le soutiennent ».
Plus précisément, cette loi vise à :
- Exiger une stratégie annuelle pendant cinq ans pour contrer la normalisation avec le régime d’Assad par les pays qui ont pris des mesures pour normaliser avec le régime d’Assad.
- Interdire à tout ministère ou organisme du gouvernement fédéral de reconnaître ou de normaliser avec tout gouvernement syrien dirigé par Bachar el-Assad.
- Exiger un examen immédiat des sanctions prévues par le Caesar Act pour toute subvention de 50 000 dollars ou plus accordée à la Syrie.
- Demander un rapport sur l’aide des Nations Unies à la Syrie qui a bénéficié au régime d’Assad.
- Élargir la loi César en comblant les lacunes du projet de loi initial qui rendaient son application difficile. Il étendrait également les sanctions de la loi César aux personnes impliquées dans le détournement et le vol de l’aide humanitaire destinée au peuple syrien et aux personnes impliquées dans le vol des biens du peuple syrien pour des raisons politiques ou à des fins d’enrichissement personnel.
- Sanctionner les membres de l’Assemblée du peuple syrien et les membres de leur famille proche, ainsi que ceux qui leur apportent un soutien, de même que les hauts responsables du parti Baas arabe socialiste en Syrie.
- Clarifier l’applicabilité des sanctions actuelles aux compagnies aériennes du régime syrien et aux transactions énergétiques – en envoyant un signal clair aux pays qui se normalisent avec Assad et qui envisagent d’autoriser les compagnies aériennes du régime syrien à atterrir dans leurs aéroports.
- Déterminer si l’organisation caritative d’Asma al-Assad, le Syria Trust for Development, répond ou non aux critères d’application des sanctions prévues par la loi César.
- Permettre au président et au membre le plus important de la commission des affaires étrangères de la Chambre des représentants de demander l’examen de tout nom pour des sanctions au titre de la loi César, que le président serait tenu d’examiner dans un délai de 30 jours.
Bien qu’ils aient fraternisé avec des groupes terroristes interdits et leurs auxiliaires du Casque blanc, également accusés de violations des droits de l’homme par les Syriens qui sont entrés en contact avec eux, les trois membres du Congrès ne sont ni interrogés ni poursuivis pour leur implication dans ces groupes.
Écouter Vanessa Beeley : https://www.youtube.com/watch?v=SX8zl2g6ZK8&t=4s