Majed al-Majed recevait ses instructions directement du chef des services de renseignements saoudiens le prince Bandar Ben Sultan, et récemment il avait pour mission de transferer le combat de l’Irak et de la Syrie vers le Liban.
Officiellement, l’émir des « Brigades Abdallah Azzam », groupe islamiste lié à al-Qaïda qui avait revendiqué le double attentat contre l’ambassade d’Iran à Beyrouth survenu le 19 novembre dernier, est décédé des suites de ses blessures, rapporte l’Agence nationale d’information (ANI, officielle). Il était recherché par l’Arabie saoudite, l’Iran, la Syrie, les Etats-Unis et l’Irak. Selon l’AFP, citant une « source judiciaire » le suspect aurait succombé à une insuffisance rénale.
La question qui se pose : pourquoi les services de renseigment de l’armée libanaise, qui l’avaient capturé, n’avaient-ils pas pris les précautions d’usage pour le soigner et l’interroger pour récolter le maximum d’informations sur cette nébuleuse jihadiste wahhabite qui déstabilise toute la région du Moyen-Orient et y sème la mort et la tereur ?
Peu avant l’annonce de son décès, Ibrahi al-Amin, l’éditorialiste du quotidien Al-Akhbar, proche du Hezbollah, avait mis en garde les autorités libanaises contre les dangers qu’il y a à liquider cette personne ou à le laisser mourir suite à sa maladie.
En le laissant mourir, le Liban a-t-il obéis à des pressions saoudiennes ? L’offre de trois milliards de dollars que le royaume wahhabite avait promis à l’armée libanaise était-elle la contrepartie sonnante et trébuchante, pour liquider ce terroriste encombrant réclamé, entre autres, par l’Iran et qui pourrait faire des révélations dérangeants pour tous les pays impliqués dans le soutien à la rébellion syrienne ?
Entré au Liban avec un faux passeport, l' »émir » des Brigades Abdallah Azzam a été arrêté après avoir été hospitalisé à l’hôpital al-Makassed pour des blessures subies durant les combats contre l’armée syrienne dans la région d’al-Qalamoun. Entré au Liban sous un nom d’emprunt, il a été intercepté par les services de renseignements de l’armée, qui le filaient depuis sa sortie de l’hôpital, près du rond-point du ministère de la Défense, alors qu’il se rendait dans la Békaa.
Vendredi, une source médicale avait affirmé à l’AFP que l’état de santé du Saoudien était « grave ». Cette source, qui aurait suivi le patient de près avant même son arrestation, a affirmé qu’il souffrait « d’une déficience rénale, lui imposant des dialyses régulières ». Le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Jawad Zarif, avait annoncé dans un entretien avec l’agence UPI que l’Iran s’apprêtait à envoyer « une équipe pour aider dans l’enquête sur le double attentat contre l’ambassade d’Iran à Beyrouth ». Selon UPI, l’équipe devait également participer à l’interrogatoire de Majed al-Majed. M. Zarif avait par ailleurs transmis, lors d’un appel à son homologue libanais Adnane Mansour, les remerciements du président iranien Hassan Rohani aux autorités libanaises pour leurs efforts et l’arrestation du principal suspect dans l’attentat contre l’ambassade d’Iran, selon l’agence iranienne IRNA.
Majed al-Majed faisait partie de la liste des 80 personnes les plus dangereuses recherchées par l’Arabie saoudite. Le quotidien saoudien al-Watan avait fait état de « nouvelles informations sur un attentat que planifiait Majed al-Majed contre l’ambassadeur saoudien au Liban, Ali Awad Assiri, en personne ». Selon le quotidien, ce terroriste « a attaqué le royaume d’Arabie avant de viser l’ambassade d’Iran à Beyrouth ». Le même quotidien va jusqu’à affirmer enfin que l’émir des Brigades Abdallah Azzam « a suivi des entraînements intensifs au Pakistan, et plus tard en Iran, qui avait d’ailleurs abrité des chefs d’el-Qaëda fuyant l’Afghanistan après l’intervention américaine ».
En 2009, la justice libanaise avait condamné par contumace Majed al-Majed, un Saoudien né en 1973, à la prison à vie pour appartenance à Fateh al-Islam.
Le commandement de l’armée – direction de l’Orientation, en signalant – dans un communiqué, que le détenu, Majed Al-Majed, chef de la brigade terroriste Abdallah Al-Azzam, a été proclamé mort après la dégradation de son état de santé, à l’Hôpital Militaire Central, a-t-il voulu se débarraser de ce prisonnier qui en sait trop et protéger les services de renseignements saoudiens qui le manipulaient ?
Démentant les allégations du quotidien saoudien Al-Watan, le quotidien as-Safir, citant des sources proches de l’enquête, affirmait de son côté que Majed al-Majed recevait ses instructions directement du chef des services de renseignements saoudiens le prince Bandar Ben Sultan, et récemment il avait pour mission de transferer le combat de l’Irak et de la Syrie vers le Liban afin de modifier le rapport des forces, qui penche actuellement en faveur du camp anti-saoudien, en faveur de la coalition anti-syrienne et pro-saoduienne du 14-Mars, dirigée par Saad Hariri.
Légende: Le Saoudien Majed al-Majed avait été arrêté le 26 décembre par les services de renseignements de l’armée libanaise.