Il devient clair qu’un front très large est soigneusement mis en branle dans la région : des Israéliens « toujours prêts » pour une guerre, jusqu’à l’Occident qui ne rêve que de ressusciter son passé colonial, en passant par les monarchies du Golfe dont le sort est lié à l’évolution régionale, par le régime jordanien mal à l’aise, et les forces du Mouvement du 14 mars au Liban.
Tout le monde est impatient et très motivé, et l’enthousiasme pour la guerre grandit après plusieurs échecs dans les tentatives de renversement du régime de Damas, ou pour ramener l’Irak dans l’orbite de Washington, ou isoler la résistance au Liban, ou arrêter le programme nucléaire civil iranien. En plus de ces échecs, il y a la crainte de plus en plus forte que la Russie puisse bientôt devenir un membre à part entière d’un axe anti-occidental.
Les ennemis de Washington dans la région entrent dans une nouvelle phase – en particulier en Syrie – où ils parviennent enfin après deux ans, à mettre en œuvre des contre-mesures efficaces pour contenir l’opposition armée. Leurs efforts sont plus coordonnés qu’auparavant, l’Iran et le Hezbollah faisant savoir qu’ils n’hésiteront pas à défendre leur allié syrien contre toute agression militaire étrangère.
De l’autre côté se développent également de nouvelles approches, comme la décision de se concentrer dorénavant sur le front jordanien -où il a été demandé aux Saoudiens de contrôler les islamistes- où les États-Unis ont renforcé leur appui direct en formation et logistique.
Le fait est que chacun des camps est sur le point de franchir les lignes rouges tracées par les uns et les autres, ce qui pourrait déclencher dans la région une large guerre, et sur plusieurs fronts.
L’Occident ne peut tolérer la possibilité d’une survie d’Assad, qui permettrait à l’Iran et au Hezbollah d’acquérir une influence considérable sur les décisions prises à Damas et peut-être de prendre le contrôle de ses armes stratégiques, dont son arsenal chimique si redouté.
En ce qui concerne le front anti-occidental, ses lignes rouges sont les suivantes : empêcher l’opposition russo-iranienne de renverser el-Assad par tous les moyens ; empêcher toute intervention étrangère ou tout changement qualitatif dans l’armement de l’opposition. Une ligne rouge plus récente se présente sous la forme de mises en garde contre une attaque israélienne sur la Syrie.
Une cible : le Liban
Dans les coulisses de la guerre en Syrie, Tel-Aviv envisage sérieusement une attaque préalable contre la Résistance au Liban. Malgré la réelle possibilité que cela puisse déclencher une guerre régionale, les ennemis du Hezbollah au Liban même ou à l’étranger, parient sur le fait que le Hezbollah serait isolé et donc plus vulnérable en raison de la situation en Syrie.
Il est donc important de souligner ce qui suit aux amis comme aux ennemis : la préparation du Hezbollah est supérieure à la plupart des estimations faites sur ses capacités militaires. Et malgré le fait qu’il ait eu à révéler certains aspects de sa montée en puissance afin de dissuader ses ennemis, il dispose de tout ce dont il a besoin – surtout dans le domaine des armes stratégiques – pour lutter contre une agression sérieuse et prolongée.
Il est utile de rappeler à ceux qui envisagent de s’attaquer à la Résistance libanaise que son arsenal de fusées a atteint une telle ampleur qu’il pourrait en un seul jour lancer toute la somme de ce qui avait été tiré durant les 33 jours de la guerre de juillet 2006.
Il faut aussi savoir qu’il y a un important courant au sein du parti du Hezbollah – parmi les dirigeants civils comme militaires – qui estime qu’un conflit tournerait à leur avantage si l’ennemi israélien prenait une telle décision. La Résistance lui réserve doc un certain nombre de surprises…
29 avril 2013 –
*Ibrahim al-Amin est l’éditeur en chef du quotidien libanais al-Akhbar
Traduction : Info-Palestine.eu – al-Mukhtar
Source : https://www.info-palestine.net/spip.php ?article13485
Article original : https://english.al-akhbar.com/conten…