Jamais deux sans trois ! Les Occidentaux enterrent le Plan Annan.
Le barrage sino-russe s’est avéré infranchissable. Les deux grandes puissances détentrices du droit de veto au Conseil de sécurité de l’Onu ont en effet mis en échec, pour la troisième fois depuis le début de la crise syrienne, les tentatives occidentales visant à apporter de l’eau au moulin de l’opposition armée.
Dès le début, les deux pays avaient mis en garde les autres membres du Conseil sur leur détermination à apposer leur veto à tout projet de résolution sous le chapitre VII ou comprenant des sanctions contre la Syrie. Apparemment, le message sino-russe n’a pas été entendu et les États-Unis et leurs alliés ont soumis ce projet de résolution au vote en sachant pertinemment les risques encourus : un double veto qui pourrait se traduire par l’enterrement du Plan Annan de sortie de crise. Un plan soutenu par l’Onu, la Russie, la Chine et la Syrie et accepté du bout des lèvres par les occidentaux et les pays du Golfe.
Sur 15 pays membres, la résolution a recueilli 11 voix pour, 2 contre et 2 abstentions (le Pakistan et l’Afrique du Sud).
Les conséquences les plus directes de ce double veto sont le retrait dès le vendredi 20 juillet de la mission d’observateurs de l’Onu de Syrie et l’intensification des combats entre le régime et les rebelles armés à huis clos.
L’ambassadeur français au Conseil de sécurité, Gérard Araud, très actif contre la Syrie, a déclaré immédiatement après le vote que le veto russo-chinois « met en péril » la médiation de Kofi Annan. « Refuser à Kofi Annan les outils de pression qu’il demande, c’est mettre en péril sa mission elle-même », a-t-il souligné. Ce blocage « vise à laisser du temps au régime syrien pour écraser » l’opposition, a-t-il précisé.
Cela étant, le belliqueux ambassadeur oublie de préciser que ce projet de résolution occidental est à l’origine de cette mort annoncée du Plan Annan. Car si les pays occidentaux y tenaient, ils auraient pu se contenter de prolonger la mission des observateurs. Last but not least, le médiateur onusien n’a pas demandé une telle résolution. Il a tout simplement exigé des pays occidentaux, de la Turquie et des monarchies du Golfe de cesser de jeter de l’huile sur le brasier syrien.