La Russie et la Chine ont encore une fois bloqué le projet euro-américain, qui prévoyait des sanctions supplémentaires contre le gouvernement syrien si celui-ci refusait de se désarmer face aux bandes armées islamistes.
C’était plus ou moins attendu mais le nouveau veto conjoint que viennent d’asséner la Russie et la Chine à la majorité interventionniste du Conseil de sécurité fait encore plus « sens », étant donné les circonstances : dopés par l’attentat meurtrier contre le Conseil de sécurité syrien – à propos duquel la question de l’implication, à tel ou tel degré, de certaines puissances siégeant au CDS peut être légitimement posée –, dopés aussi par l’incursion des bandes ASL transformée par leurs médias en insurrection populaire, les gouvernements occidentaux avaient redoublé de pressions et de fausses promesses à l’égard du bloc sino-russe, leur présentant sur tous les tons de la gamme propagandiste la cause de Bachar comme perdue.
Un non qui fait particulièrement sens
Rien n’y a fait : le projet euro-américain, qui prévoyait des sanctions supplémentaires contre le gouvernement syrien si celui-ci refusait de se désarmer face aux bandes ASL, ce projet a donc été bloqué par 11 voix pour, deux contre. Et deux abstentions, celles de l’Afrique du Sud – associée à la Russie et à la Chine au sein des Brics – et du Pakistan – un pays pourtant de coloration globalement islamiste sunnite.
C’est une nouvelle assez lourde défaite diplomatique pour le camp anti-syrien. Moins d’ailleurs pour le rejet annoncé d’un texte jugé à l’avance inacceptable par Moscou et Pékin, que parce qu’il démontre la position de ces deux dernières capitales : Chine et Russie gardent en effet leur sang-froid dans la tourmente – car on ne peut nier que le « sismographe » syrien s’est affolé cette semaine.
C’est sans doute que tous deux ont sur la situation de terrain et le rapport de forces gouvernement-ASL des informations qui ne sont pas celles diffusées quotidiennement par les tâcherons atlantistes d’I-Télé et de L’Express. On peut penser que les Russes, notamment, qui ont pas mal d’yeux et d’oreilles sur le terrain, savent que la « bataille » de Damas tient plus d’une opération commando d’ampleur de l’ASL que d’une offensive libératrice. D’une opération bien plus médiatique que militaire. En un mot ce n’est pas l’offensive Viet Cong du Têt en 1968. Et encore moins, bien sûr, une insurrection populaire.
Et Poutine et son administration ne doivent rien ignorer non plus de ce qui se passe, au moins dans les grandes lignes, dans le reste du territoire national : une traque tous azimuts des bandes.
Pas de sanctions donc contre Damas, pas de « défection » sino-russe. Les 15 membres du Conseil de sécurité doivent à présent décider, avant vendredi soir, du sort de la mission d’observation de l’Onu dont le mandat expire justement le 20 juillet à minuit. Russes et Chinois sont pour la prolongation de cette mission. Les Occidentaux sont moins enthousiastes, et pourraient chercher à se « venger » du troisième double veto russe et chinois, en enterrant cette mission.
Aujourd’hui, la Syrie blessée a quand même gagné une bataille, sinon la guerre.
Source : InfoSyrie