Incapable de provoquer la défection des membres du noyau dur du régime, les services secrets étrangers s’emploient à les liquider physiquement.
L’attentat a coûté la vie aux généraux Daoud Rajha, ministre de la Défense (chrétien natif de Damas), Hassan Tourkmani (sunnite, natif d’Alep), adjoint du vice-président de la République, Assef Chawkat (alaouite et beau-frère de Bachar), vice-ministre de la Défense. Plusieurs autres ministres et membres du Conseil national de sécurité, convoqués ce mercredi 24 juillet, ont été blessés dont certains très grièvement. Comme c’est le cas de Hicham Ikhtiar, chef du Conseil national de sécurité, un dur parmi les durs, et Mohammad Ibrahim Al-Chaar, le ministre de l’Intérieur.
Il s’agit d’un coup très dur pour le régime engagé dans une ultime bataille militaire et sécuritaire contre la rébellion armée, soutenue par plusieurs pays occidentaux et des monarchies du Golfe.
Selon les premières informations disponibles, il s’agirait d’un agent de sécurité, le garde du corps du président du Conseil national de sécurité, retourné qui aurait actionné sa ceinture explosive en pleine réunion. Certes ce n’est pas la première fois que de tels attentats ont lieu. Déjà Hafez al-Assad avait échappé à plusieurs attentats. De nombreux généraux ont été assassinés ces dernières années dont le général Mohamed Souleimane, conseiller du président Bachar al-Assad pour les questions militaires et de sécurité et qui chapeautait tous les programmes d’armement syriens. Il a été assassiné le 1er août 2008.
Tout au long des 16 mois de soulèvement, plusieurs milliers de militaires et d’agents de sécurités ont déjà été tués.
L’Armée syrienne libre (ASL) composée de déserteurs et d’un groupe islamiste inconnu, Liwa al Islam (l’Etendard de l’islam), ont revendiqué l’attentat de ce matin. Un communiqué de l’ASL salue en effet le « succès d’une opération remarquable (…) qui a tué plusieurs piliers de la bande d’Assad ». Mais le communiqué de l’ASL s’apparente plus à de la fanfaronnade qu’à la réalité et porte plutôt l’emprunte d’une lutte au sein de pouvoir et des services secrets étrangers.
On remarquera la rapidité avec laquelle le président syrien Bachar al-Assad a désigné un successeur au général Daoud Rajhah au ministère de la Défense : le général Fahd Jassem al-Freij connu pour être un dur parmi les durs. D’origine bédouine, il est de confession sunnite, natif de la région de Hama.
Cet attentat intervient au moment où les forces armées semblent sur le point de porter des coups décisifs aux derniers fiefs des insurgés dans la région d’Idleb et de Homs. Également au moment où les forces de sécurité traquent efficacement les éléments armés qui s’étaient emparés de certaines banlieues de Damas et sont en train de les neutraliser.
Il intervient enfin au moment où le Conseil de sécurité de l’Onu s’apprêtait à débattre d’un projet de résolution présenté par les Occidentaux renouvelant le mandat de Kofi Annan et imposant des sanctions à la Syrie. Une résolution qui fera face à un énième double veto russe et chinois. Peu avant cet attentat, Sergueï Lavrov avait mis en garde l’Occident : « Si une politique basée sur le soutien à l’opposition continue – c’est une politique vouée à l’échec puisque Bachar al-Assad ne partira pas de lui-même –, et tous ces appels rituels à sa démission sont enracinés dans le désespoir (…) Des combats décisifs sont en cours en Syrie. Et l’adoption de la résolution (occidentale) serait un soutien direct à un mouvement révolutionnaire. L’Onu n’a aucun rapport avec ça », a martelé Lavrov.
Loin de mettre le pouvoir aux abois, ce dernier a réagi avec détermination et confiance. Dans un communiqué officiel diffusé par tous les médias syriens, il affichait les couleurs : « Cet acte terroriste renforce la détermination de nos forces armées à nettoyer la patrie des restes des bandes terroristes. »