Invité par la radio Jawhara FM, Abdelfattah Mourou, islamiste modéré et indépendant et un des fondateurs du Mouvement Ennahdha, à qualifié l’expulsion de l’ambassadeur syrien de précipitée qui fait montre d’un manque de maturité et de sagesse flagrants.
M. Mourou a indiqué avoir été surpris, à l’instar de plusieurs hommes politiques tunisiens.
Il ajoute que cette question n’a pas été suffisamment réfléchie et aurait pu être étudiée longuement, notamment en faisant participer toutes les parties prenantes dans le pays, et en ne mettant aucun parti sur la touche en cette prise de décision, surtout que l’avenir des Tunisiens en Syrie a été mis en jeu.
Par ailleurs Moez Ben Salem, sur le site kapitalis.com, se demande si les massacres perpétrées samedi 6 février, peu avant le vote du Conseil de sécurité de l’Onu sur une résolution contre la Syrie, empêchée par un double veto russe et chinois, à Homs par l’armée syrienne sur d’innocents citoyens étaient comme ceux de Timisoara en Roumanie, il y a 22 ans: une mystification? Des massacres imaginaires qui avaient été brandis par le nouveau pouvoir intérimaire tunisien pour justifier l’expulsion de l’ambassadeur syrien de Tunisie.
Moez Ben Salem rappelle qu’ « Alors qu’en Roumanie tombait la dictature de Nicolae Ceausescu, à l’instar de millions de téléspectateurs, je découvrais avec horreur les images d’un charnier où, affirmaient les envoyés spéciaux, gisaient des corps affreusement torturés. On parlait alors de 4.000 morts pour la seule ville de Timisoara!
Sauf que un mois plus tard, un scandale éclatait: les images atroces du charnier de Timisoara, en Roumanie, étaient le résultat d’une affreuse mise en scène; les cadavres alignés sur des draps blancs n’étaient pas les victimes des massacres commis quelques jours plus tôt, mais des morts déterrés du cimetière des pauvres et offerts complaisamment à la nécrophilie de la télévision! »
Et d’ajouter : « Il n’est nullement dans mon intention de défendre le régime sanguinaire de Bachar El Assad, mais je ne peux m’empêcher de me poser certaines questions: comment ce régime aurait-il pu commettre un tel carnage à la veille d’une réunion cruciale du conseil de sécurité consacrée au vote d’une résolution condamnant le régime syrien? Bachar El Assad est-il suicidaire à ce point? »
« Ce qui est également étonnant, c’est que la Tunisie se soit précipitée à rompre ses relations diplomatiques avec la Syrie avant même d’attendre les résultats de ce vote! La position de la Tunisie dans l’échiquier international serait-elle devenue si importante au point de pouvoir influencer un vote au conseil de sécurité et éviter notamment un véto de deux puissances de premier rang, en l’occurrence la Chine et la Russie?
La Tunisie n’a-t-elle pas été elle même influencée dans sa décision hâtive? »
Moez Ben Salem de conclure : « N’étant ni politicien ni diplomate, je ne suis pas en mesure de juger de l’opportunité de la décision tunisienne; par contre, il me semble que notre pays aurait pu attendre quelques jours avant de rompre éventuellement avec le régime syrien.
Et s’il se révélait que les images terribles de Homs n’étaient pas la conséquence d’un bombardement syrien sur des civils innocents mais plutôt celle d’une mise en scène macabre? Notre diplomatie en recevrait un très mauvais coup! »