Pourquoi vouloir à tout prix le départ du président en exercice sans en référer aux Syriens ? Sans prendre toutes les précautions d’une transition pacifique ? Pourquoi ne pas privilégier, encourager et aider au dialogue inclusif prôné par l’Algérie ?
Les réunions internationales autour de la crise syrienne se suivent et se ressemblent. La dernière en date s’est tenue à Tunis, vendredi dernier. Une soixantaine de pays se réclamant « amis de la Syrie » ont tenté de reprendre à leur compte le dossier que n’ont pu faire aboutir ni la Ligue Arabe ni le Conseil de sécurité de l’ONU. Trois réunions de deux institutions internationales et d’une organisation, créée pour l’occasion, au pied levé, qui parlent d’une même voix. Toutes trois commencent par demander que « cesse toute forme de violence » en Syrie avant d’exiger « l’envoi d’une force » tantôt arabe uniquement, tantôt conjointe avec celle des Nations unies. Le tout en prônant une « solution politique ». À Tunis, les participants ont fait mieux dans l’ambiguïté. Tout en se donnant les airs d’une organisation de bons offices, le « groupe des amis de la Syrie » propose de sanctionner les autorités syriennes par « l’interdiction de voyage des membres du régime, l’arrêt de l’achat des hydrocarbures syriens et la réduction des liens diplomatiques avec le régime syrien ». Et dans la foulée, reconnaît le « Conseil national syrien » comme le « représentant légitime des Syriens ». Rien dans ses réunions n’inspire à croire aux intentions affichées. Quand on sait que la plupart des pays participants ont rompu leurs relations avec la Syrie en rappelant leurs ambassadeurs. Quand on ne sait d’où peuvent bien tenir cette « légitimité des Syriens » les factions composant l’opposition syrienne que leur reconnaissent les « amis de la Syrie » réunis à Tunis. Quand on aligne toutes ces contradictions en y ajoutant la « solution politique » avant de prévoir l’envoi d’une « force arabe » ou d’une « force des Nations unies » ou les deux à la fois, il est difficile de croire que tout ce beau monde ne veut que du bien aux Syriens. Pourquoi vouloir à tout prix le départ du président en exercice sans en référer aux Syriens ? Sans prendre toutes les précautions d’une transition pacifique ? Pourquoi ne pas privilégier, encourager et aider au dialogue inclusif prôné par l’Algérie ? La réponse se trouve dans la position de ces pays parmi les « amis de la Syrie » qui comptent, s’ils ne l’ont déjà fait, armer l’opposition. Alors et à moins de prendre les Syriens et le reste du Monde qui ne veut pas du chaos en Syrie, pour des abrutis, il faut cesser de jouer les médiateurs de la paix quand on est résolument pour la guerre et l’ingérence militaire. Les faux-fuyants ne trompent plus personne. Surtout depuis la résolution 1973 du Conseil de sécurité qui, en termes alambiqués, a ouvert la voie à l’agression de la Libye par les forces de l’Otan. Le résultat est là aujourd’hui. Il est ignoble et indigne d’une communauté internationale qui se revendique d’une civilisation basée sur le respect de la vie humaine avec ses droits de l’homme et son abolition de la peine de mort. Les Syriens ont cette chance de « bénéficier » du malheur des Libyens qui incitent la Russie et la Chine à barrer la route au même scénario en Syrie ou ailleurs. Les populations arabes ne sont pas dupes. Ceux qui ont manifesté devant l’hôtel où devait se tenir la réunion au point de retarder son ouverture, l’ont bien exprimé lorsqu’ils criaient « Non au complot contre la Syrie ! ». Les « amis de la Syrie » sont repartis comme ils étaient venus, c’est-à-dire avec la volonté de « casser » ce pays qui reste, après la chute de Moubarak, le seul qui « gêne » Israël à ses frontières. Voilà à qui profiterait le démantèlement programmé de la Syrie. La Turquie, qui fonctionne avec plusieurs fers au feu, vient de proposer au groupe des « amis de la Syrie » de se réunir à nouveau à Istanbul dans trois semaines. L’évolution du contexte mondial, durant cette année, enterrera tous les semeurs de désordre ! Il n’y a aucun doute là-dessus !
Source : L’Expression