Comme il fallait s’y attendre, les rebelles syriens sont opposés à la proposition russe, tout comme les Israéliens. Peu importe. La campagne d’Obama pour la guerre vient de subir un coup d’arrêt irrémédiable.
Comme il fallait s’y attendre, les rebelles syriens sont opposés à la proposition russe, tout comme les Israéliens. Peu importe. La campagne d’Obama pour la guerre vient de subir un coup d’arrêt irrémédiable. Partir en guerre maintenant demanderait une propagande complètement nouvelle construite sur une cause pseudo-rationnelle différente.
La France propose aujourd’hui une résolution du Conseil de sécurité pour garantir la proposition qui reste encore à définir. Les Américains, la Grande Bretagne et la France vont essayer de placer cette résolution sous le chapitre VII des Nations unies qui leur permettrait, finalement, d’utiliser la force contre la Syrie. Ni la Russie, ni la Chine ne seront d’accord.
En réalité, il n’y a aucun besoin d’une résolution de l’ONU bien que la Russie puisse préférer avoir une déclaration du Conseil de sécurité sur la question, ne serait-ce que pour ramener les États-Unis dans le cadre de la loi internationale.
Les stocks d’armes chimiques de la Syrie peuvent être placés sous contrôle international en donnant immédiatement les clefs des entrepôts à des fonctionnaires russes et chinois. La Syrie pourrait ensuite contacter l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OPCW) et demander à ses inspecteurs de travailler avec ces fonctionnaires étrangers pour faire et vérifier les listes des stocks et pour mettre en place des programmes de destruction.
L’OPCW est une organisation internationale légale de plein droit et non une agence de l’ONU. La Syrie adhérerait à l’OPCW en signant et en ratifiant la Convention sur les armes chimiques (CWC). La Syrie informerait le secrétaire général des Nations unies de ces avancées. Il n’y a aucune raison légale d’impliquer l’ONU ou le Conseil de sécurité dans ces étapes.
La destruction des stocks syriens prendra du temps. On risque de vouloir éviter le transport des armes et préférer construire un équipement spécial et des installations d’incinération quelque part dans le désert syrien pour les détruire. Cela peut prendre, comme aux États-Unis, une dizaine d’années, voire plus.
Je ne vois pas comment les Américains et leurs alliés peuvent raisonnablement faire pression pour une résolution sous le Chapitre VII. La Syrie déclare, comme de nombreux pays avant elle, qu’elle s’engagera volontairement dans les étapes qui la mèneront à la CWC. Pourquoi, alors, devrait-elle, contrairement aux autres pays avant elle, être menacée de la force pour s’exécuter ?
S’il doit y avoir une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU sur les armes chimiques aux Moyen Orient, la Russie et la Chine doivent insister pour qu’elle couvre tous les pays du Moyen- Orient, y compris, bien sûr, les armes chimiques israéliennes. C’est une exigence raisonnable et elle sera rejetée par les Américains, ce qui sera alors une bonne raison pour les tenir responsables de l’échec du vote.
Si Obama est intelligent, il reconnaîtra que la Russie lui a permis de ne pas démolir sa présidence. Il devrait en profiter pour repenser sa stratégie, pour se dissocier de l’alliance Turquie-Arabie saoudite visant à détruire la Syrie et, finalement, pour approuver une solution politico-diplomatique pour le peuple syrien.