Voyage au cœur de la nébuleuse salafiste et takfirie en Syrie.
En Syrie, les relations entre les milices islamistes d’Al-Qaïda et celles de l’Armée syrienne libre ne cessent de se détériorer. Dernièrement, des dirigeants des factions salafistes takfiris ont accusé l’ASL de les considérer comme des ennemis, rapporte l’agence Asia News.
Les éléments de l’ASL se comportent envers les moudjahidines comme ennemis et les tuent en leur tirant dans le dos », a déploré Abou Abdel Rahmane Al-Masri, le porte-parole de l’auto proclamé « Calife des Musulmans », Abou Issa Mohammad Refaï. D’après lui, tous les miliciens du front d’al-Nosra et de l’Etat islamique en Irak et au levant (EIIL) commencent à pressentir cette animosité.
Abou Abdel-Rahmane a également accusé l’ASL de se détourner du combat contre le pouvoir en Syrie et de se consacrer à les liquider : « L’Occident leur accorde toutes sortes d’armements et de fonds pour combattre les factions islamistes », a-t-il ajouté, selon l’agence.
Interrogé si ces dernières sont capables de combattre sur les deux fronts en même temps, il a répondu : « les jours prochains le montreront. Nos attentes prédisent que Dieu fait triompher ceux qui combattent pour Lui. Nos frères combattent dans toutes les régions. Nous allons mener contre les dirigeants de l’ASL un jihad (une guerre sainte) sur la voie de Dieu ».
Tous des impies
Selon lui, l’ASL œuvre en Syrie en fonction d’un agenda qui lui est propre depuis qu’elle dispose du soutien des occidentaux. « Ses dirigeants veulent s’emparer du pays, et prendre les rênes du pouvoir après le renversement du pouvoir », a-t-il souligné. Il a écarté l’éventualité de toute réconciliation ultérieure « parce qu’ils ne suivent pas la religion de Dieu ». Questionné sur les Frères Musulmans, il les a également considérés comme des apostats, estimant qu’ils ne sont pas des Musulmans. « Ils prônent la démocratie. Ce sont des impies. Ils utilisent la religion pour s’emparer du pouvoir », a-t-il ajouté. Même dénigrement pour les Talibans, pour lesquels il a imploré Dieu pour leur salut.
Quant à la milice des Tchétchènes opérant en Syrie sous le nom Abou-l-banate (le père des filles), il a refusé de s’exprimer, au motif qu’il n’y a pas été autorisé par le « calife des Musulmans ». Il a toutefois accepté de révéler que l’émir de la confrérie en Syrie est Ahmad Turkmani et son responsable légal est Abou Omar.
S’agissant des liens entre le front et l’EIIL, il a indiqué qu’ils ne sont toujours pas alliés mais pourraient l’être prochainement. « Lorsque nous le serons, nous renverserons l’ASL et le régime ensemble en quelques heures », s’est-il targué.
Des connivences d’Al-Nosra avec des parties turques
La milice du front al-Nosra qui combat en Syrie contre le pouvoir syrien dispose de liens étroits avec des organisations islamiques turques caritatives. C’est ce qu’a révélé le site Syria Now qui cite entre autres une association turque surnommée « Rouhama Amine » (les Cléments du Sage), laquelle semble être chargée de prendre les blessés du front vers les hôpitaux turcs et de les ramener par la suite à la frontière avec la Syrie pour revenir au combat.
Ces informations ont été dévoilées par trois miliciens tunisiens arrêtés par les services de sécurité turcs.
Combattant dans les rangs du front al-Nosra à Irbine dans la province de Damas, ils ont également révélé la présence d’une petite association, « Brigade de la foi », laquelle compte un certain nombre de Syriens qui entretiennent des liens étroits avec des figures du régime turc. Son siège se trouve à Kfar-Tkharim et sa mission consiste à déplacer les miliciens entre la Turquie et la Syrie, via une base spécialement conçue pour al-Qaïda, pour éviter de les mélanger avec ceux de l’ASL.
Dernièrement, les forces de sécurité turques ont arrêté 12 miliciens du front. Leur sort est encore inconnu.
Jordanie : arrestation de 3 miliciens
En Jordanie, le courant salafiste a révélé l’arrestation de trois de ses éléments par les forces de sécurité jordaniennes, alors qu’ils étaient sur le chemin de retour de Syrie.
Selon le dirigeant du courant, Mohammad Jalabi, connu sous le sobriquet Abou Sayyaf, les trois miliciens qui combattaient dans la région de Deraa ont été arrêtés sur les passages illégaux qui relient la Jordanie à la Syrie.
900 miliciens de cette milice combattent en Syrie, assure ce courant, dont 200 à Alep.
Alep : les frappes préventives qui font mal
Justement à Alep, les frappes préventives effectuées par les forces gouvernementales sont efficaces et entravent l’action des miliciens.
Selon une source sécuritaire qui s’est confiée pour le site arabophone bien informé Arabi-Press, ces frappes visent surtout les moyens d’acheminement des armes et des munitions. 8 camions transportant des armes ont été détruits à l’est de la ville, trois autres à l’ouest, à proximité de la zone industrielle, et deux autres sur l’autoroute Alep-Damas. 22 miliciens ont été tués dans ces attaques, hormis ceux qui ont été abattus à proximité de Khan el-Assal, à l’entrée sud de la ville.
« Des tentatives d’infiltration vers la colline stratégique Abed-Rabbo, au nord d’Alep vers les deux quartiers Khalidiyyé et Achrafiyyé ont été avortées, faisant plusieurs tués dans les rangs des infiltrés alors que la totalité d’un groupuscule armé a été décimée dans les accrochages qui ont eu lieu à l’ouest du 4e quartier de la région de Rachidine », poursuit cette source.
Dans l’entourage de la prison d’Alep, qui est le théâtre de tentatives sans répit de la part des miliciens pour s’en emparer, des convois de voitures ont été détruits ainsi qu’un mortier, alors que deux convois de véhicules transportant des munitions sur la route Mennegh (aéroport)- Azzaz.
Yarmouk : les Comités vont bientôt chasser les miliciens
Dans le camp palestinien Yarmouk situé au sud de la capitale, les commissions populaires palestiniennes formées de combattants du camp ont réalisé des avancées importantes face aux miliciens.
Ils sont parvenus à les assiéger et s’approchent de plus en plus de leur quartier général situé dans la rue Régi.
« Seul un bloc de bâtiments sépare désormais les combattants des Comités des miliciens du front al-Nosra », assure le correspondant de la chaîne de télévision iranienne arabophone Al-Alam sur place.