Des islamistes étrangers, notamment français, sont venus gonfler les rangs des insurgés anti-Assad en Syrie.
Après 20 heures de combats, l’armée syrienne, appuyée par des chars et des hélicoptères, a repoussé samedi une attaque des rebelles qui étaient entrés dans une caserne à Hanano, dans l’est d’Alep, selon des témoins qui ont évoqué « beaucoup de victimes » de part et d’autre.
Selon une source militaire à Alep, métropole du nord théâtre de combats depuis le 20 juillet, les soldats ont détruit six véhicules tout-terrain où les insurgés avaient commencé à entreposer des armes prises dans l’armurerie.
« Les rebelles ont mis toutes leurs forces dans cette bataille car ils manquent cruellement d’armes », a précisé cette source.
Néanmoins, les rebelles ne lâchent pas prise. Ils ont lancé samedi un assaut sur Midane, quartier tenu par les forces de sécurité dans le nord d’Alep, où ils se sont emparés du Centre Saint-Vartan, une maison d’accueil jésuite pour des réfugiés irakiens et syriens, selon des habitants et des sources militaires.
La destruction d’une canalisation samedi dans cette zone privait une grande partie de la ville – la moitié selon des habitants – d’eau potable samedi soir. Des militants ont accusé l’aviation d’avoir « détruit le principal acheminement d’eau potable de la ville », tandis que la Compagnie des eaux a expliqué qu’il était impossible d’envoyer une équipe sur les lieux.
Au total, les violences ont fait au moins 83 morts – 28 civils, 19 rebelles et 36 soldats – samedi, selon un bilan provisoire de l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), qui avait fait état de 136 morts vendredi.
L’OSDH, qui s’appuie sur un réseau de militants et de témoins, a aussi signalé la découverte de 17 corps non identifiés, apparemment exécutés, dans une tranchée à Alep.
Bagdad a en outre rapporté que des obus syriens étaient tombés vendredi soir du côté irakien de la frontière, tuant une fillette de 4 ans et faisant quatre blessés.
Une « guerre sainte »
Convaincus de mener une « guerre sainte », des islamistes étrangers, notamment français, sont venus gonfler les rangs des insurgés anti-Assad en Syrie, a déclaré par ailleurs samedi à Reuters le chirurgien français Jacques Bérès, rentré la veille d’Alep.
Cofondateur de l’organisation Médecins sans frontières (MSF), le médecin de 71 ans a soigné pendant deux semaines les blessés dans un hôpital contrôlé par les rebelles dans la capitale économique de la Syrie.
Dans une interview à Reuters, il a précisé que, contrairement à ce qu’il avait vu lors de ses précédentes missions cette année à Homs et à Idleb, la majorité – environ 60 % – des blessés qu’il a soignés à Alep étaient des combattants et non des civils, et au moins la moitié d’entre eux n’étaient pas des Syriens.
« Il y a une assez forte proportion de fondamentalistes et de djihadistes (…) Ce qui les intéresse, c’est surtout l’après-Assad, l’établissement d’un régime islamiste et de la charia, en vue de l’Émirat mondial », a-t-il poursuivi.
Parmi ces islamistes étrangers figuraient « quelques djihadistes français », a ajouté le docteur Bérès, pour lesquels Mohamed Merah, qui a tué sept personnes en mars dans le sud-ouest de la France, est « un exemple à suivre ».