Damas réserve un accueil populaire triomphal à Lavrov.
L’accueil réservé par des milliers de Syriens au ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov n’est pas sans rappeler les heures les plus fastes des relations entre la Syrie et l’Union soviétique. L’agence officielle syrienne Sana parle de « centaines de milliers » de personnes. Cette visite, intervenue après le double veto russe et chinois au Conseil de sécurité, revêt une dimension émotionnelle et historique. La foulé scandait, tout au long du parcours du cortège officiel, des « Merci, la Russie ! » Le gros du « comité d’accueil » s’était concentré de part et d’autre de l’axe principal qui court de l’aéroport militaire de Mazzé (moins de 5 kilomètres du centre de Damas) à la capitale. Même Le Point reconnaît que Lavrov et sa suite ont dû se « frayer un passage » au milieu d’une « marée de drapeaux syriens et russes », plusieurs dizaines de personnes Selon le site Infosyrie.fr, il s’agit d’un « accueil évidemment à la hauteur des circonstances : en opposant, samedi 4 février, avec la Chine, son véto au « plan de paix » occidentalo-arabe, la Russie a probablement évité à la Syrie, à plus ou moins long terme, un développement à la libyenne. Et, ce faisant, elle a marqué un tournant historique. Dans le cours de la crise syrienne, bien sûr, mais aussi dans les rapports entre l’Occident à direction américaine et ses adversaires géopolitiques eurasiens, arabes et latino-américains. Le 4 février 2012 peut en effet faire date, dans l’histoire de la nouvelle guerre froide qui s’est mise en place depuis le premier conflit du Golfe, voici un peu plus de vingt ans. »
Sergueï Lavrov, accompagné de Mikhaïl Fradkov, chef des services de renseignement extérieurs russes, a été reçu en fin de matinée par Bachar al-Assad : officiellement la discussion va porter sur les réformes à poursuivre, et si possible, à les accélérer. Mais la présence de Mikhaïl Fradkov laisse à penser qu’un examen de la situation « militaire » sera également à l’ordre du jour.
Il sera sans doute question également de l’élaboration d’une stratégie de riposte au plan occidental annoncé par le président français Sarkozy, portant sur la création d’un Groupe de contact sur la Syrie, qui n’est pas sans rappeler celui créé lors de la guerre de l’Otan contre la Libye.
En marge de la visite de Lavrov, le gouvernement chinois a, par la bouche de son ministre de l’Intérieur, dit son espoir que les résultats de cette visite soient « payants », et n’a pas exclu d’envoyer à son tour un émissaire à Damas.
Un rassemblement de bienvenue du chef de la diplomatie russe était organisé également à Alep.