Proches du PKK turc, les combattants kurdes de Syrie observent une neutralité bienveillante vis-à-vis de Damas et s’opposent à la fois aux jihadistes takfiris et aux rebelles de l’ASL à la soléde de l’Occident, de la Turquie et des monarchies du Golfe.
Les combattants kurdes syriens ont infligé une cuisante défaite aux groupes jihadistes affiliés à Al-Qaïda en les chassant de Rasael-Aïn, capitale du district du même nom composée à 80 % de Syriens d’origine kurde et d’une mosaïque de minorités chrétiennes notamment Syriaques. Cette ville frontalière de la Turquie a été reconquise après de violents combats, a rapporté mercredi 17 juillet l’AFP sur la base d’informations publiées par l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), une officine proche de la rébellion et basée à Londres. Ce n’est pas la première fois que les Kurdes, jaloux de leur autonomie, infligent une telle raclée aux divers groupes rebelles qui cherchent à les soumettre. On se rappelle que le président syrien Bachar al-Assad avait, il y a quelques mois, fait l’éloge des combattants kurdes qui avaient résisté, sans le soutien de l’armée régulière aux divers assauts des groupes armés soutenus par la Turquie. Les comités de protection du peuple kurde (YPG), branche armée du Parti de l’union démocratique (PYD), émanation syrienne du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), ont expulsé les combattants du Front Al-Nosra et de l’État islamique en Irak et au Levant (EIIL), ainsi que d’autres groupuscules extrémistes, de la localité de Ras al-Aïn (nord).
Ils les ont également chassés du poste frontière, ce qui représente un revers sérieux car les jihadistes avaient transité un temps par ce point de passage pour pénétrer en Syrie.
« Au moins neuf combattants d’Al-Nosra et de l’EIIL et deux combattants kurdes ont été tués dans les combats en 24 heures dans la ville. Les groupes (jihadistes) ont été chassés de la ville et du poste frontière », a précisé l’OSDH.
Les affrontements ont commencé lorsque des membres d’Al-Nosra ont attaqué une patrouille de combattantes kurdes qui sont cependant parvenues à s’enfuir, a expliqué à l’AFP Rami Abdel Rahmane, président de l’OSDH.
Selon les militants à Rasael-Aïn, des combattants d’Al-Nosra, partisans d’un islam rigoriste, faisaient pression depuis le début du mois du ramadan sur les habitants pour qu’ils observent le jeûne, et s’en prenaient aux femmes ne portant pas le voile, ce qui est le cas des combattantes kurdes.
Depuis le début de la révolte contre le régime il y a plus de deux ans, les Kurdes (10 % de la population), présents essentiellement dans le Nord, tentent de se tenir à l’écart du conflit, leur objectif étant avant tout de conserver le contrôle sur leurs territoires.
Ces accrochages surviennent au moment où les tensions sont fortes entre la rébellion dite « modérée » soutenue par les monarchies du Golfe et les occidentaux et représentée par l’Armée syrienne libre (ASL) et Al-Nosra et l’EIIL, avec une multiplication des attaques des deux bords.
Il convient enfin que la victoire des Kurdes syriens intervient au moment où le PKK de Turquie, qui a signé une trêve avec Ankara, se montre plus intransigeant dans les négociations, encore officieuses, avec le régime islamiste d’Erdogan.