La Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) aurait listé, dans une fourchette large, environ 3 000 individus susceptibles de près ou de loin de partir en Syrie.
Les candidats au djihad ont été plus nombreux cet été à prendre la décision de rejoindre les rebelles en Syrie. « Un pic de départs sans précédent a été constaté au cours de l’été », a indiqué à 20 Minutes une source du renseignement, sans en préciser l’étendue. Mi-septembre, le ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, évaluait à 130 le nombre de Français partis combattre en Syrie.
Selon nos informations, la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) aurait listé, dans une fourchette large, environ 3 000 individus susceptibles de près ou de loin de partir en Syrie. « C’est très important et particulièrement inquiétant », commente notre source.
Ces Français, « de plus en plus jeunes », prennent contact via Facebook ou par Internet avec des « chefs de réseau » basés à l’étranger. Certains se retrouvent entre eux, en région parisienne, ultime étape avant le départ. Cette montée en puissance des candidats au départ est renforcée par ceux qui reviennent du front. « Ils obtiennent une certaine aura auprès des jeunes. En tout cas, une crédibilité, soutient un policier spécialisé. D’autres sont incités à repartir, et entraînent avec eux d’autres individus. »
Ce « pic » peut aussi être expliqué par l’absence de réponse pénale apportée par la justice aux combattants qui rentrent de Syrie. Selon les informations que nous avons recueillies, aucun individu rentré du front n’a fait l’objet de poursuite judiciaire, alors même que la nouvelle loi relative à la sécurité et à la lutte contre le terrorisme peut le prévoir depuis fin 2012. Il faudrait pour cela réunir la preuve que le combattant a eu des liens sur place avec des organisations terroristes telles qu’Al-Qaïda ou Al-Nosra. L’information peut être transmise par la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE). Cependant, la position diplomatique de la France, qui soutient l’Armée syrienne libre (ASL), alliée face au régime de Damas aux djihadistes, lesquels sont combattus par les Français au Mali, ne permet pas de poursuivre ces individus pour des actes terroristes commis à l’étranger.
De son côté, le quotidien Le Monde, dans son édition datée du 17 octobre 2013, reconnaît que le « nombre de combattants étrangers en Syrie est en forte augmentation. »
L’auteur de l’article, Jacques Follorou, souligne que « les filières djihadistes vers la Syrie ont changé d’échelle au cours de l’été. La résistance d’un régime dont on prédisait la chute rapide et les attaques chimiques menées par les forces fidèles à Bachar al-Assad ont créé, selon un responsable de la communauté du renseignement français, “un appel d’air” en France comme à l’étranger. “Même pour l’Afghanistan, on n’avait jamais vu ça”, commente la même source. »
« Les diplomates comme les services secrets occidentaux, écrit-il, ont constaté la forte augmentation de combattants djihadistes venant du Caucase, notamment des Tchétchènes. Deux lieux de passage ont été identifiés en Europe. La capitale autrichienne, Vienne, est un carrefour par lequel transitent les candidats caucasiens au djihad avant de rejoindre la Syrie, via la Turquie. »
La France est également un lieu de transit pour ces djihadistes caucasiens. Toujours selon Jacques Follorou, « les services français, dont la direction centrale du renseignement intérieur (DCRI), ont également mis au jour une autre filière passant par la ville de Nice, dans les Alpes-Maritimes. Des combattants déjà aguerris y trouveraient refuge au sein d’une communauté tchétchène forte d’une petite dizaine de milliers de personnes. Ils séjourneraient sur le sol français le temps de l’examen de leur demande d’asile politique en France, puis partiraient pour la Turquie. “Beaucoup profitent de l’aéroport international de Nice, les filatures ne sont pas évidentes à réaliser”, commente un membre de la DCRI. »