Le poète syrien Adonis (Ali Ahmad Saïd Esber), après avoir soutenu les printemps arabes, critique acerbement la tournure fascisante de ces révoltes.
Il vient de dresser un réquisitoire sans appel contre l’opposition syrienne, dénonçant l’appel aux pays occidentaux pour soutenir la révolte, dans un entretien accordé au dernier numéro du magazine autrichien « Profil » paru cette semaine.
« Comment peut-on poser les fondements d’un Etat avec l’aide des mêmes personnes, qui ont colonisé ce pays? », se demande Adonis, considéré comme le plus grand poète vivant du monde arabe. Une allusion au mandat exercé par la France en Syrie de 1920 à 1941 en application de l’accord secret anglo-français Sykes-Picot (1916) et du Traité de Sèvres (1920), après l’effondrement de l’empire ottoman, allié de l’Allemagne pendant la Première Guerre mondiale, la présence militaire française en Syrie ne prenant fin qu’en 1946.
« Il n’y a pas d’islamisme modéré », clame-t-il encore, comparant les Frères musulmans, grands vainqueurs des élections législatives en Egypte, à de « purs fascistes ». Selon lui, une véritable révolution dans le monde arabe ne peut avoir des chances de réussite que sur « des bases laïques ».
En août dernier, le poète avait appelé le président Assad à « quitter la présidence ». « Le moins qu’il puisse faire est de démissionner de son poste », avait-il dit au journal koweïtien al-Raï.