L’appel du général Tlass à la construction d’une autre Syrie ne convainc personne, ni l’opposition intérieure, ni l’ALS, ni le CNS, même si certains jubilent.
Après un relatif silence, le général Manaf Tlass entre de plain-pied dans la contestation et l’opposition au régime. Ce militaire – le plus haut gradé à avoir fait défection – fils du général Mustapha Tlass, compagnon de route de Hafez al-Assad et son ministre de la Défense – a choisi une chaîne saoudienne, Al-Arabiya, pour s’adresser aux Syriens. Et surtout à ceux qui, en Occident, cherchent désespérément depuis des années un remplaçant docile à Bachar al-Assad, considéré trop indépendant et trop anti israéliens et surtout, allié indéfectible de l’Iran, du Hezbollah, de la résistance palestinienne et des pays du Brics.
Encore prudent, le général Manaf Tlass s’est voulu rassurant. Son appel s’adresse surtout à quelques relais au sein des forces armées syriennes. Cependant, le dernier remaniement au sein des services de sécurité et du haut commandement de l’armée, survenu après l’attentat du 18 juillet, un attentat qui a coûté la vie à au moins quatre hauts responsables de l’appareil militaire, ne lui laisse guère de chance. Depuis déjà dix mois, il n’avait plus aucune responsabilité opérationnelle. Il ira sans doute rejoindre deux célèbres opposants : l’ancien oncle de Bachar, Rifaat al-Assad et Abdel Halim Khaddam, ancien vice-président de la République, qui coulent tous les deux des jours tranquilles en Europe, aux frais du contribuable français, et, surtout, grâce aux largesses des monarchies du Golfe. Il pourra également compter sur l’hospitalité de sa sœur, Nahed Ojjeh, qui habite un grand hôtel particulier à Paris que lui avait légué son mari décédé, Akram Ojjeh, célébrissime marchand de canon saoudien d’origine syrienne.
Dans sa déclaration, il a appelé les Syriens à « s’unir […] et à faire l’impossible pour construire une nouvelle Syrie ». « La tâche qui aujourd’hui nous incombe, à nous Syriens, est de nous rassurer et de priver de toute occasion ce régime ou quiconque cherche à alimenter le conflit entre nous », a-t-il ajouté. Selon lui, la « nouvelle Syrie » ne devra pas être « bâtie sur la vengeance, l’exclusion ou le monopole ».
Manaf Tlass s’est également refusé à condamner les militaires loyalistes n’ayant pas encore fait défection, « quelles que soient les erreurs faites par certains membres de l’armée ». « Nulle personne honorable de l’armée ne devrait accepter ces crimes », a-t-il précisé.
Dans sa déclaration, le général Manaf a dénoncé un régime « corrompu » et « despotique », passant sous silence le fait qu’il est lui-même le pur produit de ce régime et qu’il incarne, avec son père, l’ancien responsable des massacres de Hama en 1982, son frère Firas, un affairiste notoire, le visage le plus sombre de ce régime qu’il vient de dénoncer.