Les présidents russe, Vladimir Poutine, et américain, Barack Obama, ont affiché, après une réunion tendue hier, leurs profondes divergences sur la question syrienne au sommet du G8 qui s’est déroulé en Irlande du Nord. Mais en même temps, ils sont tombés d’accord sur la nécessité de poursuivre leurs efforts pour assurer l’organisation de la Conférence de Genève 2.
Mais la tenue d’une de cette conférence «ne doit pas signifier la capitulation du régime du président Bachar al-Assad», a déclaré le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov. «Nous sommes catégoriquement contre les affirmations selon lesquelles la conférence doit être une sorte d’acte de capitulation publique de la délégation gouvernementale, suivi de la passation des pouvoirs en Syrie à l’opposition», a déclaré M. Lavrov, dans un entretien accordé à l’agence de presse koweïtienne KUNA, et dont le texte a été publié par le ministère.
Le différend sur la crise syrienne a donc pesé de tout son poids sur la première rencontre au sommet entre Obama et Poutine depuis un an. Dans ce contexte, la tenue de Genève 2, prévue à l’origine pour la fin mai, puis reportée à juin, puis à juillet, parait encore plus improbable.
À la veille de l’ouverture du G8, la Russie a fait preuve d’une grande fermeté face aux Occidentaux, qui ont accentué leurs pressions. Vladimir Poutine a mis en garde les Occidentaux contre toute velléité d’armer les rebelles syriens. Au cours d’une rencontre bilatérale avec le président français François Hollande, juste avant l’ouverture du G8, M. Poutine est apparu le visage fermé, impavide, pendant que son interlocuteur évoquait la Syrie. M. Hollande avait, dès son arrivée en Irlande du Nord, vivement critiqué la Russie qui «continue de livrer des armes au régime de Bachar el-Assad alors que l’opposition n’en reçoit que très peu et qu’elle est aujourd’hui massacrée». Peu optimiste, M. Hollande a même averti qu’il ne fallait pas se faire «trop d’illusions» sur les avancées possibles.
La Russie a également averti qu’elle n’accepterait pas l’instauration d’une zone d’exclusion aérienne au-dessus de la Syrie, hypothèse discutée par des responsables militaires à Washington, selon la presse américaine. «Nous avons vu avec l’exemple de la Libye la manière dont une telle zone est mise en place et la façon dont de telles décisions sont appliquées. Nous ne voulons pas la répétition d’un tel scénario en ce qui concerne le conflit en Syrie. Je pense qu’en principe, nous ne permettrons pas un tel scénario», a dit Alexandre Loukachevitch, porte- parole du ministère russe des Affaires étrangères.
Pour calmer les appréhensions de la Russie, Ivo Daalder, ambassadeur sortant des États-Unis auprès de l’Alliance atlantique a déclaré que Washington ne demande pas à l’Otan de soutenir l’instauration de zones d’exclusion aérienne en Syrie, et le sujet n’est pas à l’ordre du jour de l’Alliance.
Mediarama
18 juin 2013