Le patron de la diplomatie française, en manque d’idées, remet en scelle la politique des embargo et des sanctions économiques qui avaient partout sanctionné une population innocente et renforcé les pouvoirs à abattre !
C’est la dernière idée de la diplomatie socialo-atlantiste française : étrangler financièrement la Syrie qui, selon le boulier de Fabius, dépense un milliard d’euros par mois pour entretenir son armée et son administration, et n’aurait donc plus que « quelques mois » de réserves devant elle, « sauf appui de la Russie et de la Chine« .
Absurde, mais il fallait y penser !
Et c’est là l’idée dans l’idée du Quai d’Orsay : convaincre Moscou et Pékin de parachever cet étouffement financier. Certes, précise Fabius, on n’a même pas encore entamé des discussions en ce sens avec Poutine et Lavrov, mais on va sonder ces incontournables interlocuteurs.
On reste pantois à la fois devant ce cynisme – étrangler le gouvernement c’est en l’occurrence étrangler la population – et surtout cette incroyable naïveté : depuis plus d’un an, la Russie, accompagnée à chaque fois de la Chine, donne des signes diplomatiques et militaires répétés de son soutien à Bachar et tout d’un coup, les mêmes devraient entrer dans cette combine fabiusienne destinée à l’abattre. Arrogance, stupidité, méconnaissance de tous les dossiers ? Peut-être que, tout simplement, Fabius, comme avant lui Juppé, vit dans un « au jour le jour » diplomatique permanent, tentant de faire oublier l’échec de la veille – la défection du vice-Président syrien par exemple – par l’effet d’annonce du lendemain.
Ensuite, que savent les services de Fabius des réserves financières de l’État syrien, hormis qu’elles sont effectivement importantes ? Du reste ces spéculations sont piquantes de la part d’un membre du gouvernement d’un pays en quasi-récession, où tous les voyants économiques sont au rouge !
Tout ceci n’est pas sérieux. D’autant que dans sa même péroraison sur les ondes de RTL, Laurent Fabius a confirmé qu’il n’était pas question pour la France, ni d’intervenir militairement en dehors d’un cadre international, ni de fournir autre chose à ses chers rebelle islamistes autre chose que des téléphones sophistiqués. Dans ces conditions, la politique anti-syrienne « franco-hollandaise » s’apparente assez à ce couteau surréaliste sans manche dont on a retiré la lame !
Le « sacrilège » politique de Lakhdar Brahimi
Un peu plus sérieuses et intéressantes sont les déclarations faites samedi par le nouvel émissaire de l’ONU pour la Syrie l’Algérien Lakhdar Brahimi, et les réactions qu’elles suscitent depuis. Interrogé par Reuters sur sa position quant à un départ de Bachar, L. Brahimi avait répondu qu’il était « trop tôt » pour qu’il puisse prendre position sur ce sujet, n’en sachant « pas assez sur ce qui se passe en Syrie ».
C’est sûrement cette deuxième partie de citation, venant après des mois d’une propagande frénétique contre le président syrien, qui a dû faire pousser les hauts cris à certains. À commencer par le CNS qui a troublé sa propre agonie politique en exigeant du tout nouveau « Monsieur Syrie » de l’ONU des excuses pour cette mise en cause implicite de la doxa diplomatique-médiatique sur le sujet.
Dimanche, Brahimi a essayé de calmer le jeu sur al-Jazeera. Mais il a répété qu’il était pour lui « prématuré de dire quoi que ce soit sur le contenu du dossier syrien ». En clair, l’émissaire de l’ONU et de la Ligue arabe reconnaît qu’il n’est sûr de rien tant qu’il n’a pas constaté de lui-même certaines réalités. En d’autres termes, tout ce qu’on dit sur la Syrie peut fort bien, selon M. Brahimi, s’apparenter à de la propagande et à de la désinformation. C’est bien ce qu’a compris la direction du CNS dans son communiqué, qui lui reproche de « ne pas reconnaître l’ampleur de la tragédie » et donc de mépriser « le sang versé par le peuple syrien ».
Apparemment, Lakhdar Brahimi, et c’est bien là le crime que lui reprochent déjà l’opposition radicale syrienne et – mezzo voce – ses soutiens occidentaux, est prudent sur la crise syrienne, voire sceptique sur certaine présentation occidentale et opposante de cette crise. Cette prudence constitue déjà en soi un sacrilège pour les tenants et profiteurs de la pensée unique anti-Bachar. Cela équivaut en revanche, pour les vrais amis de la Syrie, à un petit préjugé favorable.
Source : InfoSyrie – le 20 août 2012