« Nous avons tout fait pour trouver une issue diplomatique à ce conflit. Cela n’a pas abouti. Est-ce qu’on peut continuer à laisser massacrer des milliers d’hommes de femmes et d’enfants, plus de 70 000 aujourd’hui ? », s’est interrogé l’ancien ministre français des Affaires étrangères Alain Juppé, en marge du projet français d’armer les rebelles. Passons ces propos au détecteur de mensonges. D’abord, a-t-il vraiment « tout fait » pour trouver une issue diplomatique au conflit ? Dès le début, il a pris le parti des rebelles, tout en mettant sur la touche Bachar al-Assad, sans demander ce qu’en pensaient les Syriens. Curieuse façon de jouer les médiateurs. Ensuite, il laisse sous-entendre que les 70 000 Syriens ont été tués par les forces de sécurité. Or ce bilan reconstitué par l’Onu à partir de sources principalement liées à l’opposition ne fait pas la distinction entre civils et combattants, ni entre rebelles et loyalistes. L’Observatoire syrien des droits de l’homme (opposition) admet lui-même que plus de 10 000 soldats loyalistes ont péri. 70 000 morts, un chiffre choquant ? Sûrement, mais cela correspond à une centaine de morts par jour, soit une moyenne basse pour un pays de 20 millions d’habitants en guerre civile. La répétition de ce bilan s’inscrit plutôt dans un agenda politique : en finir avec un régime indocile aux diktats. Pour ne pas aller plus loin, en Irak, on compte des dizaines de morts par jour, dix ans après sa « libération » par les Américains. Sans que cela choque les bonnes âmes occidentales. En revanche, on attend toujours un comptage précis des victimes du conflit en Libye (50 000 morts ?), où l’Onu et l’Otan étaient parties prenantes. Il y a des chiffres qu’on claironne, d’autres qu’on préfère taire.
Syrie : Juppé et les chiffres
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