Un rapport de Human Rights Watch diffusé vendredi accuse certains groupes islamistes dans la rébellion syrienne de crimes contre l’humanité. Sur plus de 190 morts, 67 civils auraient été exécutés, et 200 pris en otages dans une offensive préméditée.
L’opposition syrienne coupable de crimes contre l’humanité ? L’ONG Human Rights Watch a rendu public un rapport vendredi faisant état de 67 exécutions arbitraires par les forces d’opposition au régime de Bachar al-Assad, assimilables à des crimes contre l’humanité.
L’offensive a eu lieu la nuit du 4 au 5 août 2013, écrit Human Rights Watch. Le premier jour de la fête de l’Eid Al Fitr qui marque la fin du Ramadan. « Des combattants de plusieurs groupes armés de l’opposition ont lancé une attaque de grande envergure sur la province de Lattaquié », bastion des forces de l’armée syrienne. Ils seraient ensuite entrés dans plus de 10 villages alaouites (minorité confessionnelle de Bachar Al-Assad), détruisant des maisons et tuant des familles qui essayaient de s’enfuir.
C’est en se rendant sur place et en interrogeant plus de 35 personnes (survivants, membre de l’armée, de l’opposition, équipes de secours) que l’ONG a pu arriver à ce triste constat : plus de 190 civils ont été tués, dont 57 femmes et 18 enfants. La présence de femmes, d’enfants et de personnes âgées et la nature de leurs blessures ont permis d’utiliser le terme de « crime contre l’humanité ».
« Une attaque planifiée et coordonnée contre la population civile de ces villages alaouites » selon Joe Stork, directeur par intérim de la division Moyen-Orient à Human Rights Watch. « Ces exactions ne sont pas le fait de quelques combattants incontrôlés », a-t-il ajouté. Toujours selon le rapport, 200 otages, femmes et enfants, seraient retenus par les mêmes groupes. Des vidéos mises en ligne sur You Tube début septembre par les mêmes forces de l’opposition ont permis aux survivants d’identifier des membres de leur famille.
Ces crimes sont imputés à des groupes salafistes et djihadistes dont Jabhat Al-Nosra et l’Etat Islamique en Irak et au Levant, deux groupes qui se revendiquent clairement d’Al-Qaïda.
Les djihadistes, des « rebelles » ?
Cependant, certaines exactions commises par les rebelles syriens étaient déjà rendues publiques via de nombreuses vidéos mises en ligne sur les réseaux sociaux. Exécutions sommaires, ou autres crimes atroces. Mais la situation sur le terrain syrien s’est compliquée depuis la rébellion de mars 2011, qui se voulait au départ pacifique et instauratrice de la démocratie dans le pays. Il semble que la précision est plus que jamais de mise pour qualifier les rebelles syriens.
Plusieurs entités au sein de la rébellion ne s’alignent pas nécessairement sur l’Armée Syrienne Libre, soutenue par plusieurs pays occidentaux dont la France et les Etats-Unis. Celles-ci comptent en leur sein des milices salafistes (anti-chiites), et des groupes djihadistes qui répandent un discours obscurantiste et pratiquent les attentats suicides. Ceux-là mêmes qui ont semé la terreur dans les villages alaouites.
Ainsi, Human Rights Watch le dit clairement : toutes les preuves sont réunies pour accuser des groupes djihadistes, mais aucune preuve ne permet d’établir que l’ASL est impliquée dans ces crimes.
L’ONG appelle également à un embargo sur la livraison d’armes aux groupes responsables de cette offensive, et réclamé justice pour toutes les victimes de violations des droits de l’homme en Syrie en saisissant la Cour Pénale Internationale.
Source : Marianne.fr
https://www.marianne.net/Human-Rights-Watch-accuse-les-islamistes-syriens-de-crime-contre-l-humanite_a232879.html?preaction=nl&;id=5923305&idnl=27099&
11 Octobre 2013