Des messages piratés du site de Burhan Ghalioun, leader du Conseil national syrien (CNS), qui mène (depuis l’étranger) la rébellion contre le régime Al-Assad, publiés par le quotidien libanais Al-Akhbar proche de Damas, révèlent de profondes divisions au sein du mouvement.
– le 26 février, Mohamed Farouq Tayfour, leader influent des Frères musulmans et vice président du SNC écrivait à Ghalioun pour lui demander de démettre Bassma Kodmani de sa fonction de porte paroles du SNC après qu’elle eut déclaré à une chaîne de télévision française qu’ « Israël est une nécessité au Moyen Orient ». Les Frères musulmans occupent un quart des 270 sièges du CNS et bénéficient du soutien d’autres groupes.
– En mars, l’opposition kurde syrienne s’est désolidarisée du CNS face au refus de celui-ci d’inclure dans son programme les droits des Kurdes. Ils représentent environ 10% de la population syrienne.
– Les discordes permanentes reflètent ce que les opposants ont qualifié d’ « échec de la communauté internationale à reconnaître la représentation du CNS en exil ». Les « amis de la Syrie » – Turquie, France, monarchies du Golfe – ont reconnu le CNS comme « représentant légitime du peuple syrien » (ce qui apparaît aujourd’hui de façon de plus en plus évidente comme avoir été une erreur) mais ne l’ont jamais reconnu comme « seul » représentant ni comme « gouvernement en exil », comme le CNS le voulait.
Par ailleurs, l’opposition armée parait sérieusement fragmentée aujourd’hui. Selon le think tank américain Carnegie Endowment, alors que l’armée syrienne écrasent les forces rebelles dans leurs fiefs de Homs et Idlib, les groupes armés de l’Armée syrienne libre (ASL) se dispersent. Des éléments salafistes plus radicaux apparaissent dans les milices armées et dans les rangs de l’ALS, comme le « bataillon Farouq », écrasé lors l’offensive des troupes syriennes à Baba Amro. Les Frères musulmans auraient également décidé eux-mêmes d’entrer dans la bataille militaire. Pour permettre la militarisation du soulèvement contre le régime syrien, le CNS a payé les chefs de l’ALS et aurait reçu à ces fins $100 millions de l’Arabie saoudite, du Qatar et des Émirats arabes unis.
Sources :
– Dayly Telegraph : – https://www.telegraph.co.uk/news/worldnews/middleeast/syria
– Centre français de recherche sur le renseignement : www.cf2r.org/