À Alep, le Front islamique et al-Nosra (affilié à Al-Qaïda) appellent à la mobilisation générale ; l’armée repoussse une grande offensive contre la prison centrale d’Alep dirigée par le tchetchène Sayfollah qui y a péri.
Le gouvernement syrien et l’ONU ont conclu un accord prévoyant la sortie « imminente » de centaines de civils des quartiers rebelles de Homs pris en otages par les groupes armés, depuis plus de 600 jours, ainsi que l’entrée d’une aide humanitaire vitale pour les habitants qui ont décidé d’y rester. Considérée comme « la capitale de la révolution » contre le régime de Bachar al-Assad, la ville centrale de Homs a fait l’objet d’un accord entre le gouverneur Talal Barazi et le coordinateur résident de l’ONU Yaacoub Helou, « garantissant la sortie imminente des civils innocents de la vieille ville (…) et l’entrée d’aides humanitaires pour les civils qui ont choisi de rester », selon l’agence officielle SANA. L’ONU a confirmé cette « pause humanitaire » qui « va permettre de fournir une aide vitale à quelque 2 500 civils ». Aucune indication n’a été donnée sur la date d’entrée en vigueur de cet accord, qui serait le premier geste humanitaire du régime depuis la fin du premier round de négociations fin janvier à Genève sous l’égide du médiateur international Lakhdar Brahimi qui avait alors annoncé avoir obtenu du gouvernement la promesse de laisser sortir les civils assiégés.
La bataille de la prison centrale d’Alep
Pendant ce temps, alors que les forces loyalistes continuent à avancer à Alep et dans sa région, des milliers de combattants islamistes ont réagi en tentant, pour la énième fois, d’investir la prison centrale d’Alep. Ils ont même annoncé l’avoir occupée avant de se retracter. Une source militaire syrienne a démenti les informations selon lesquelles les milices armées ont pris le contrôle de la prison centrale d’Alep.
Les milices armées ont subi de lourdes pertes lors de combats contre les unités de la protection de la prison. L’objectif des rebelles était de prendre d’assaut la prison et de la mettre sous leur contrôle.
De même source, on indique que le commandant de l’offensive des milices, un certain commandant techetchène, Sayfollah, du front al-Nosra (affilié à al-Qaïda) a été tué lors des affrontements qui ont duré des heures, assurant que la prison est dans les mains de l’armée arabe syrienne.
Aucun prisonnier n’a pu prendre la fuite, contrairement aux informations qui ont circulé. Le front al-Nosra et les milices du front islamique avaient annoncé plus tôt le début de la « bataille de la libération de la prison centrale d’Alep», qui a commencé par un violent assaut contre la porte de la prison. Des informations ont fait état de l’explosion d’une voiture piégée conduite par un kamikaze à l’entrée de la prison.
Alors que les sources de l’opposition avaient rapporté la nouvelle de la prise d’assaut de la prison d’Alep par les rebelles, elles n’ont pas tardé à se rétracter et à se contenter de dire que des affrontements violents se déroulent actuellement aux alentours de la prison.
Sachant que les unités d’infanterie de l’armée arabe syrienne réalisent des progrès notoires et rapides sur les différents axes d’Alep.
Alors que le conflit en Syrie s’apprête à entrer dans sa 4e année, les violences, qui ont déjà fait plus de 136 000 morts, selon des sources non officielles, ne montrent aucun signe de répit. À Alep, après de multiples tentatives, les brigades rebelles d’Ahrar al-Cham et du Front al-Nosra lié à al-Qaïda ont pris un temps « le contrôle de 80 % de la prison centrale et libéré des centaines de prisonniers », avant que le régime ne reprenne l’offensive et en récupère une partie, a déclaré le directeur de l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), Rami Abdel Rahmane. Selon lui, « au moins 20 soldats et 10 rebelles ont été tués », tandis que les combats se poursuivent entre soldats et rebelles dans la prison, la deuxième du pays, où sont détenus près de 3 000 personnes – des islamistes, militants et mineurs. En revanche, la télévision d’État a affirmé que « l’armée avait mis en échec une tentative des groupes terroristes d’attaquer la prison », niant toute perte. Toujours à Alep, le régime poursuivait ses raids aériens aux barils d’explosifs sur les quartiers rebelles.
L’armée marque des points
Alors que l’armée syrienne appuyée par le Hezbollah a marqué des points ces derniers mois en s’emparant de bastions rebelles notamment à l’est d’Alep, le Front islamique et le Front al-Nosra ont appelé « tous les combattants rebelles » à se « mobiliser » et demandé aux résidents dans les « zones occupées » par le régime de s’éloigner des bases et des points de contrôle gouvernementaux qui seront des cibles. Le régime contrôle le littoral de l’ouest du pays, la capitale Damas, malgré des combats à sa périphérie, et a récemment progressé dans l’Est, qui continue néanmoins en grande partie de lui échapper. Outre l’Est, les rebelles contrôlent le Nord mais y affrontent des jihadistes de l’État islamique en Irak et au Levant (EIIL), qu’ils accusent d’exactions. Le secrétaire d’État américain John Kerry, un allié de l’opposition, a reconnu que le régime marquait des points mais qu’il « ne gagne toujours pas. C’est une impasse ». Le sort des nouvelles négociations entre régime et opposition prévues le 10 février à Genève reste, lui, inconnu. Interrogée à la télévision syrienne, la conseillère de M. Assad, Bouthaina Chaabane, a affirmé que la décision de participer aux prochaines discussions à Genève n’avait « pas encore été prise en attendant les directives du président ».
Le rapport inédit
Concernant la destruction de l’arsenal chimique syrien, menée en vertu d’un accord parrainé par la Russie et les États-Unis, le Conseil de sécurité de l’ONU a adressé hier un avertissement sans frais au régime lui demandant, sur fonds de prise de bec entre Moscou et Londres, d’accélérer le transport hors de Syrie de ses armes chimiques. Rejetant en partie les explications avancées par Damas, le Conseil rappelle que selon l’ONU, le gouvernement syrien a désormais le matériel et l’aide internationale nécessaires pour accélérer le mouvement et respecter la date limite du 30 juin pour l’élimination totale de cet arsenal. La coordinatrice de l’opération, Sigrid Kaag, a évoqué un retard qui n’est « pas insurmontable ». Le ministre grec des Affaires étrangères Evangelos Venizelos a déclaré pour sa part que cette opération syrienne en mer ne devrait pas mettre en danger l’écosystème de la Méditerranée.
Sur un autre plan, un rapport inédit de l’ONU sur les enfants syriens accuse le régime et l’opposition armée d’avoir commis contre eux de graves abus depuis le début du conflit. Ce rapport, le premier sur la question soumis au Conseil de sécurité, détaille une série d’exactions, dont des tortures et des viols dans les centres de détention de l’armée, l’utilisation d’enfants comme boucliers humains ou le recrutement d’adolescents par l’Armée syrienne libre et des groupes armés kurdes. Dans ce rapport, le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, presse « toutes les parties du conflit à prendre sans tarder toutes les mesures pour protéger et faire respecter les droits de tous les enfants en Syrie ».
Mais Damas a rejetté les allégations inclues dans le rapport publié par le secrétaire général de l’ONU sur les enfants en Syrie. Selon une source autorisée au ministère des affaires étrangères et des expatriés, citée par l’agence officielle Sana, « la Syrie avait coopéré, sincèrement, avec la représentante du secrétaire général de l’ONU et formé une commission nationale chargée d’authentifier les crimes commis par les groupes terroristes armés contre les enfants syriens. » Elle a ajouté que « Damas avait donné aux Nations Unies des communiqués authentifiés dans ce sens pour déceler la vérité et jeter la lumière sur les crimes commis par les groupes terroristes contre les enfants. »
Le gouvernement syrien, souligne-t-elle, a émis l’espoir que la représentante du secrétaire général de l’ONU exposera, avec courage, les faits mais elle a choisi d’être loin de la transparence et de la crédibilité, la chose qui posent beaucoup de points d’interrogation sur sa neutralité en traitant avec la souffrance des enfants en Syrie et sa tentative de politiser ce sujet. « Damas continue à assumer sa responsabilité dans la protection des enfants en Syrie pour mettre fin à leur souffrance due aux crimes commis par les terroristes« , a affirmé la source.
La même source a fait noter que l’allégation de ceux qui ont élaboré le rapport sur leur incapacité de se vérifier des informations fournies par le gouvernement syrien suscite des interrogations car le gouvernement syrien n’a reçu aucune demande des bureaux de l’ONU à Damas à ce sujet. « Ceux qui ont élaboré ce rapport ont reposé, en grande partie, sur des rapports partiaux qui n’ont rien à voir avec la réalité« , a assuré la source qui a critiqué la suppression de toute mention sur les séquelles catastrophiques des sanctions sur les enfants syriens. La source a exprimé son étonnement que le rapport n’a abordé ni les pratiques exercées contre les enfants aux camps des réfugiés, dont l’abus sexuel, ni les informations selon lesquelles les groupes terroristes font venir des filles mineures en Syrie pour pratiquer ce qu’ils nomment « le jihad al-Nikah« .
Légende : À Alep, les rebelles tirent contre les quartiers sous contrôle de l’Etat