Le départ du pouvoir du maître de Damas ne résoud pas tous les problèmes.
La Syrie vit aujourd’hui la douloureuse expérience d’une guerre civile, avec son lot d’atrocités, de crimes de guerre, dont les deux camps sont responsables, et qui révoltent légitimement l’opinion publique.
Il n’en demeure pas moins que condamner et exiger le départ du régime actuel pose inéluctablement la question de l’après.
Les événements récents en Tunisie, en Libye, et en Egypte, où l’on voit s’installer des régimes islamiques qui veulent imposer par la force leurs conceptions intégristes et prosélytes de la charia doivent conduire les gouvernements occidentaux à plus de prudence sur le changement de régime à Damas.
En effet, aucun observateur n’est capable d’affirmer que le mouvement de révolte contre le régime de Bachar El Assad serait conduit par des républicains laïcs. Il apparaît bien au contraire que ces mouvements dits de la « révolution » sont constitués de multiples forces disparates, allant d’Al Qaida aux salafistes, qui dans la mise en place d’un nouveau régime balayeront les quelques laïcs pour imposer leur loi. Et cela d’autant plus qu’ils sont armés en sous main par l’Arabie Saoudite, dont les conceptions libérales et le respect des minorités religieuses sont bien connus…
En conséquence, tout en condamnant les massacres de part et d’autre, et en essayant d’apporter une aide humanitaire aux populations victimes de cette guerre civile, la France serait bien avisée de réfléchir à deux fois avant d’exiger le renversement du régime de Bachar, qui au demeurant se battra jusqu’au bout n’ayant rien à perdre.
La Syrie a toutes les chances de basculer de Charybde en Sylla, avec l’avènement des islamistes dont la devise est – on le sait : « un homme, une voix, une foi ».