Comment les services israéliens analysent la situation en Syrie.
Il n’aura pas fallu longtemps à Bachar al-Assad pour remplacer les quatre plus hautes personnalités du régime tuées le 18 juillet. En 24 heures, il a mis en place un nouveau commandement dirigé par son plus jeune frère, le général Maher al-Assad, commandant de la 4e division, selon un rapport de DebkaFile, site israélien en ligne de renseignements militaires. Il a également nommé le général Ali Mamloukh à la tête de la Sécurité générale, le général Hafez Makhlouf, commandant militaire de Damas et le général Ali Hassan, le nouveau chef de la milice Alawite Shabiha. Le général Fahad Jassim al-Freij a été nommé au ministère de la Défense.
En dépit de la vague de désertions, l’armée syrienne s’est vite réorganisée sans montrer aucun signe de choc ou de flottement au niveau du commandement.
En 48 heures, l’armée a repoussé les rebelles du quartier de Maidan, à Damas. Et alors que certains médias mettaient les projecteurs sur la prise de deux passages entre la Syrie et l’Irak, samedi, nos sources rapportent qu’Assad et son nouveau commandement s’étaient déjà mis en mouvement et adopté une nouvelle tactique contre la Turquie en réponse aux assassinats des quatre plus hautes personnalités de son cercle rapproché. Ils ont ouvert la porte de la Syrie, depuis l’Irak, à une vague de rebelles du PKK turc (Parti du Travail du Kurdistan) des régions kurdes du nord, avec l’autorisation d’installer des bases opérationnelles le long de la frontière turque.
Cette nouvelle étape a trois conséquences :
– En donnant au mouvement armé séparatiste kurde des bases d’attaque contre Ankara, le régime d’Assad a pu pacifier sa minorité syrienne de Kurdes forte de 2 à 3 millions de personnes (10 % de la population) et s’assurer que les villes du nord ne s’allieraient pas au soulèvement syrien.
– En s’assurant de la loyauté de sa propre minorité, Assad a pu retirer des troupes de cette région pour les placer sur d’autres fronts.
– Alors qu’elle accueille les commandements de l’Armée libre syrienne qui combat contre Damas, la Turquie s’expose à une nouvelle menace stratégique depuis sa frontière sud avec la Syrie.
Les sources militaires de DebkaFile rapportent que le flot de combattants kurdes turcs au nord de la Syrie a fait progresser le mouvement séparatiste kurde local dirigé par le Parti syrien de l’Union démocratique. Le 20 juillet, les combattants du PYD et du PKK depuis l’Irak ont pris le contrôle de deux villes frontalières, Afrin et Ayn-al Arab. Assad a calculé que le statut semi autonome des Kurdes de Syrie galvaniserait le PKK de l’autre côté de la frontière et encouragerait les raids sur les cibles du gouvernement et de l’armée turques pour exiger le même statut en Turquie.
Le PKK, selon DebkFile, a réagi rapidement : le 20 juillet, ils ont fait exploser le pipe-line Kirkouk-Ceyhan qui transporte un quart des exportations irakiennes de pétrole vers la ville de Midyat, dans le sud-est de la Turquie, près de la frontière syrienne.