« Il n’y aura pas de compromis dans la lutte contre le terrorisme et ceux qui le soutiennent », prévient Bachar al-Assad, lors d’un discours devant la nouvelle assemblée législative.
Après une gestion de la crise alternant répression, reculade, dialogue, réformes unilatérales et engagement limité de l’armée dans le conflit, le président syrien a donné l’impression de vouloir en découdre militairement, une fois pour toutes, avec les dernières poches de contestation armée dans le pays. C’est du moins le signal qu’il vient d’envoyer à l’opinion syrienne et à l’étranger lors de son discours devant la nouvelle assemblée législative le dimanche 3 juin.
Pour lui, le doute n’est plus permis : il ne s’agit plus d’une contestation pour la démocratie et les réformes. La Syrie est désormais confrontée à une véritable guerre menée par des terroristes financés et armés par l’étranger.
Le président syrien a dit d’abord que son gouvernement avait « essayé tous les moyens politiques » de résoudre la crise, en une allusion aux réformes politiques menées, de la nouvelle Constitution à la nouvelle loi sur les partis en passant par les mains tendues à des personnalités d’opposition non CNS. Mais, a-t-il ajouté, ces gestes n’ont pas désarmé les terroristes et leurs appuis politiques, ceux-ci, souligne Bachar, n’étant « pas intéressés par le dialogue et les réformes politiques ». Leur agenda est en effet tout autre : « Les terroristes sont chargés d’une mission et ils ne s’arrêteront que s’ils accomplissent cette mission ou si nous arrivons à les arrêter. »
En employant le mot « mission », le chef de l’État cible sans les nommer les « sponsors » politiques et financiers de ces bandes qui ensanglantent son pays : « Nous faisons face à une véritable guerre menée de l’étranger » : de la Turquie, du Liban, de l’Arabie saoudite, du Qatar, et de plus loin encore ont dû penser ses auditeurs parlementaires et pas mal de téléspectateurs syriens. Et Bachar a assimilé la campagne politico-médiatique internationale en cours contre son pays à un colonialisme new look, les méthodes de celui-ci ayant changé mais le projet restant le même : l’asservissement de la Syrie et, au-delà, de la nation arabe.
Alors, en ce seizième mois de troubles, Bachar al-Assad a été très clair : cette guerre la Syrie n’a pas l’intention de la perdre ! « Il n’y aura pas de compromis dans la lutte contre le terrorisme et ceux qui le soutiennent ! » Car « la sécurité de la nation est une ligne rouge » que personne ne franchira impunément. Et ce combat vital doit être mené pour l’avenir des Syriens. Et au nom aussi de tous ceux, ces milliers de militaires, policiers et civils qui ont déjà succombé, ces « martyrs » dont, promet Bachar « le sang n’aura pas coulé en vain ».
Les responsables de Houla sont des « monstres ».
Concernant les massacres de Houla, le président syrien a nié toute responsabilité dans ce crime monstrueux. Pour lui, ceux qui ont commis ce massacre des innocents sont des « monstres » qui n’appartiennent pas à l’armée syrienne, ni aux miliciens pro-gouvernementaux. Bachar semble assuré sur ce dossier, l’appartenance de nombre de victimes à un clan pro-régime étant un élément déterminant dans la désignation des vrais responsables de ce drame.
S’adressant aux nouveaux députés, le président syrien a dit qu’il considérait comme une victoire syrienne le fait d’avoir pu tenir sans incidents graves, et à la date prévue, ces élections législatives, le 7 mai dernier. Et le président dit ne pas désespérer d’associer à ce processus global de réforme tous ceux qui le veulent : « La Syrie est ouverte à tous les Syriens quelles que soient leurs opinions mais le terrorisme ne peut faire partie du processus politique et nous devons lutter contre le terrorisme pour guérir la nation. Nous allons continuer à faire face avec vigueur au terrorisme », a-t-il conclu.
Le plan Annan va-t-il être mis entre parenthèses en attendant d’en finir militairement et sécuritairement avec le terrorisme ? C’est en tout cas la conclusion qui s’impose à la lecture de ce discours sans concessions. Les jours à venir risquent donc de voir les combats entre l’armée et les rebelles s’intensifier dangereusement avec le risque de débordement au Liban. Ce qui est déjà partiellement le cas à Tripoli.
Traduction française du discours : https://www.sana.sy/fra/51/2012/06/03/423124.htm