Le rôle d’Al-Qaïda dans la rébellion syrienne commence à apparaître au grand jour depuis que cette organisation extrémiste a décidé d’étendre son influence sur la plupart des régions qui échappent au contrôle de l’Etat, même au prix de violents combats avec ses alliés d’hier de l’Armée syrienne libre (ASL).
Mercredi, les combattants d’une organisation affiliée à Al-Qaïda, l’Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL), ont pris la ville de Aazaz près d’Alep, après en avoir chassé l’ASL. C’est à Aazaz que sont séquestrés les neuf Libanais enlevés en mai 2012, alors qu’ils revenaient d’un pèlerinage en Irak. Cette localité, située à 5 kilomètres de la frontière turque, était tenue par la Brigade de la tempête du Nord, qui fait partie de l’ASL. Les affrontements ont fait une dizaine de morts et une trentaine de blessés dans les rangs de l’ASL. Soixante-dix rebelles sont en outre portés disparus. Les rescapés se sont repliés vers le point de passage de Bab al-Salam, à la frontière avec la Turquie.
A Deir Ezzor, non loin de l’Irak, les combattants d’Al-Qaïda ont pris les permanences d’une autre brigade de l’ASL, appelée les Descendants du prophète. Des dizaines de responsables et de membres de ce groupe ont été fait prisonniers, dans cette région riche en pétrole.
L’EIIL avait décrété le début des hostilités contre l’Armée syrienne libre dans un communiqué la semaine dernière. Selon une déclaration du groupe mise en ligne sur un site extrémiste, l’Etat islamique en Irak et au Levant projette une « opération punitive » contre l’ASL dans la banlieue Est d’Alep. « Cette campagne baptisée ‘Lutte contre le mal’ visera les agents du régime syrien ainsi que les membres de l’Armée syrienne libre qui perpètrent des attaques contre les militants de l’Etat islamique », pouvait-on dans le communiqué.
Ces développements confirment les propos du président syrien Bachar al-Assad, qui a affirmé, dans un entretien à la télévision américaine FoxNews diffusé mercredi soir, que son pays n’était «pas en guerre civile», mais attaqué par des «dizaines de milliers de jihadistes», la plupart d’Al-Qaïda. «Nous avons une guerre, une nouvelle sorte de guerre» avec des «dizaines de milliers de jihadistes» de plus de 80 nationalités différentes, a-t-il. Ce que je peux vous dire c’est que 80% — certains disent 90%, nous n’avons pas de données précises — de ces terroristes sont membres d’Al-Qaïda et de ses branches», a dit le chef de l’Etat, qui s’exprimait en anglais. D’après lui, depuis le déclenchement du conflit il y a deux ans et demi, «des dizaines de milliers de Syriens» et 15000 soldats gouvernementaux ont été tués, la plupart par «des attaques terroristes, des assassinats et des attentats suicide». Il a encore affirmé que l’attaque aux armes chimiques du 21 août était le fait des rebelles et non de ses forces armées. Le président syrien a admis que son pays avait bien des armes chimiques et a assuré que cet arsenal serait détruit. M. Assad a indiqué que ce démantèlement coûterait «un milliard de dollars» et prendrait au moins un an.
Il a par ailleurs déclaré qu’il n’avait pas encore pris la décision de briguer un nouveau mandat présidentiel en 2014. «Il est prématuré d’en parler maintenant. Je prendrai ma décision avant l’élection», a indiqué le dirigeant syrien.