« Il existe encore des hommes pour se croire supérieurs aux femmes et le clamer en se frappant le torse comme des gorilles. Ce sont ceux-là qui maltraitent les femmes, ceux-là qui les battent, ceux-là qui les exploitent […]. Ceux-là qui utilisent leurs muscles, ou le pouvoir économique, social, politique ou religieux que leur confère le système patriarcal pour opprimer les femmes. Ils aiment à se comparer à Superman, ces sauveurs de l’humanité ! »
Superman est arabe – De Dieu, du mariage, des machos et autres désastreuses inventions est le dernier livre de Joumana Haddad. Écrivaine et journaliste libanaise, elle est à la tête des pages culturelles du journal An-Nahar et à l’origine du magazine érotique Jazad.
Dans son dernier livre, elle dénonce le machisme des sociétés patriarcales, notamment dans les pays arabes. Le personnage de Superman est la référence pour illustrer la superpuissance de l’homme, une image glorifiée en opposition à celle de Clark Kent, l’homme vulnérable.
De la Genèse à Adam, du Pape aux monothéismes, en passant par les grands chefs arabes, toutes les mythologies qui ont façonné l’image de la supériorité de l’homme sur la femme en prennent pour leur grade.
Et bien que les révolutions arabes prouvent que les femmes peuvent être présentes au-devant de la scène et agir au nom de la liberté, il n’en résulte rien.
Il est important, selon l’écrivaine, de réaliser un travail de fond sur les mentalités notamment sur celles des femmes, qu’elles soient mères, épouses ou fillettes. Celles qui contribuent consciemment ou inconsciemment à glorifier le rôle de l’homme. Et ce, aussi bien en Occident que dans les pays arabes.
Le sujet est vaste, complexe, mais passionnant. Superman est arabe, un titre séduisant et plein d’humour. L’auteure alterne entre citations d’écrivains, penseurs, philosophes de renoms et ses poèmes. En somme tous les ingrédients sont là pour faire de cet ouvrage un manifeste brillant auquel il est difficile de ne pas adhérer.
Toutefois, malgré la fougue et l’engagement apparent de l’auteure, la déception pointe rapidement le bout de son nez, car il n’y rien qui n’ait jamais été dit. Certes, il est difficile de ne pas sombrer dans des clichés, des stéréotypes sur un tel sujet, mais ajouter à cela un égocentrisme assumé d’une part, et des principes faussement altruistes d’autre part, le cocktail devient lourd.
Il s’agit d’un véritable cri de colère d’une féministe des temps modernes, mais dont le combat ne sera gagné que lorsque l’homme y prendra part. Or le constat est le suivant : « Aujourd’hui comment on peut être femme sans être constamment en colère étant donné les affronts et les abus que nous subissons, et dont le but est soit de nous éliminer du jeu, soit de nous exploiter. »
Superman est arabe ‑ De Dieu, du mariage, des machos et autres désastreuses inventions, Joumana Haddad, Éd. Actes Sud, 240 p., 20 euros.