La disparition à 84 ans de cet islamiste, qui a longtemps dominé la scène politique soudanaise, laisse le courant islamiste sans véritable mentor au Soudan. Islamiste pur et dur, diplômé entre autres de la Sorbonne, il a eu un rôle extrêmement néfaste sur le destin du Soudan, sous ses airs d’intellectuel. Pour arriver au pouvoir et y instaurer un régime islamiste, il était prêt à toutes les alliances, s’acoquinant avec Nimeiry et Ben Laden, en passant par Khomeiny et Saddam Hussein.
Allié du régime de Gaafar al-Nimeiry, un « progressiste » devenu allié de l’Arabie saoudite et des États-Unis, il en devient son ministre de la Justice puis son chef de la diplomatie. À ce titre, il introduit la charia dans un pays multiconfessionnel, rallumant la guerre civile entre le Nord et le Sud qui se soldera par l’éclatement du pays. Soupçonné de complot au profit de l’Iran, il est arrêté pour une courte durée en 1985. Il crée ensuite le Front national islamique (FNI) qui s’emparera du pouvoir en 1989 grâce au général Omar al-Bachir, dont il deviendra l’éminence grise. Hassan al-Tourabi survit en 1992 à une tentative d’assassinat à Ottawa (Canada).
Son alliance avec Al-Bachir se termine dix ans plus tard, en décembre 1999, quand il essaiera, en tant que président du Parlement, d’évincer son compagnon en mettant au vote une loi interdisant le cumul des mandats. Le conflit s’envenime entre les deux hommes quand Tourabi souffle sur la braise du conflit de Darfour et soutient publiquement la séparation du sud du Soudan. En mars 2004, il est jeté en prison pour une tentative de coup d’État avant d’en être libéré, pour y revenir plusieurs fois.