La diplomatie française est-elle schizophrène ? Elle tente d’appliquer l’embargo de l’Onu de 2004 sur les livraisons d’armes au Soudan tout en donnant aux miliciens djanjaweed les moyens de fondre plus vite sur leurs victimes au Darfour.
La diplomatie française est-elle schizophrène ? Elle tente d’appliquer l’embargo de l’Onu de 2004 sur les livraisons d’armes au Soudan tout en donnant aux miliciens djanjaweed les moyens de fondre plus vite sur leurs victimes au Darfour. C’est ce qu’a révélé le rapport des ONG Action sécurité éthique républicaines (Aser/France), International Peace Information Service (Ipis/Belgique) et TransArms (États-Unis). Selon ce document, depuis 2008, les milices djanjaweed utilisent des camions Renault Midlum, montés au Soudan par la Giad Automotive Industry Company, filiale à 24 % de la Military Industry Corporation of Sudan. Les assaillants circulaient à bord de ces véhicules lors du massacre de vingt personnes, le 25 mars 2010 lors de l’attaque de trois villages près de Kass dans le sud du Darfour. Le Quai d’Orsay a répondu que l’exportation de ces véhicules n’est pas soumise à la délivrance d’une licence. Pourtant Renault Trucks, dans ses dépliants publicitaires, présente ces camions comme des « véhicules civils militarisables », arguant que la Croix-Rouge en est également équipée.
Pas convaincus, les auteurs du rapport estiment que l’utilisation de ces camions par des belligérants constitue une violation de l’embargo européen de 1994, dont la mise en œuvre est de la responsabilité de chaque État membre. Ils reprochent à Paris d’interpréter de façon trop étroite les catégories de la liste militaire commune de l’UE. Le même reproche est adressé à l’Allemagne. Selon le rapport, Giad fabrique également sous licence des camions Man, après en avoir acheté 2 700 en 2006. Certains sont équipés de batterie antiaérienne par l’armée soudanaise.