Lorsqu’il commence à parler de la technologie ConcentrixTM, au fondement des centrales photovoltaïques de Soitec, José Bériot, vice-président de la division solaire de la société française, sort un parallélépipède transparent qui lui permet d’illustrer le procédé mieux que de longs discours.
Développée en Allemagne par l’institut Franhofer, le plus grand centre de recherche sur l’énergie solaire en Europe, la technologie Concentrix utilise des lentilles Fresnel fabriquées à partir de silicone sur verre qui concentrent 500 fois les rayons du soleil sur de petites cellules photovoltaïques multijonction, à haute efficacité. Les cellules sont montées sur une plaque support en verre et convertissent directement la lumière concentrée en énergie électrique. Les deux plaques de verre assemblées grâce à un cadre métallique forment le module de concentration.
Les modules sont ensuite montés sur un support (tracker) étudié pour permettre de suivre la courbe du soleil et de s’assurer ainsi que le point focal de la lumière solaire concentrée est situé sur la cellule à toute heure de la journée. Ce qui, explique José Bériot, assure une efficacité énergétique et un haut rendement à ce système innovant, l’un des plus performants au monde selon lui, notamment dans des zones arides à fort ensoleillement.
Parmi les autres avantages du système, le vice-président énumère le fait qu’il ne nécessite pas d’eau pour son exploitation ou son refroidissement, son faible impact sur la faune et la flore, la double utilisation possible des terrains d’implantation (production électrique et usages agricoles), la facilité et la flexibilité des centrales qui peuvent être installées avec de la main-d’œuvre et des matériaux locaux, et une durée de vie comprise entre trente et quarante ans. La société offre en outre des services comprenant une aide au développement et au financement, ainsi qu’une aide à l’exploitation et à la maintenance.
En novembre dernier, Soitec a livré sa première station en Tunisie pour le pompage et l’irrigation en zone aride. Réalisée en partenariat avec la Société tunisienne d’électricité et de gaz (Steg) à Om Somaa, près de Kébili, dans le Sud tunisien, elle alimente un forage pour l’irrigation d’une palmeraie de 105 hectares, au profit de 270 exploitants fédérés au sein d’un groupement de développement agricole. Soitec et ses partenaires prévoient l’installation de quatre autres unités dans le gouvernorat de Kébili. Elles devraient bénéficier d’un nouveau régime juridique en cours de finalisation sur l’autoconsommation d’électricité.
La société a par ailleurs signé le même mois, en Afrique du Sud, un contrat d’achat de l’électricité qui sera produite par la future centrale de Touwsrivier, dans la province de Western Cape, à proximité de la réserve Aquila Private Game. La signature de ce contrat était un préalable pour mettre en place un refinancement et démarrer la construction de la centrale, d’une puissance de 44 MW. Les premiers modules devaient être opérationnels en 2013 et la centrale achevée en 2014. Selon le plan de ressources intégrées du ministère sud-africain de l’Énergie, 42 % de l’électricité produite dans le pays devrait provenir de sources renouvelables. Le programme prévoit l’installation de 3 725 MW d’énergies renouvelables, dont 1 450 MW de photovoltaïque. Pour José Bériot, l’aventure africaine de Soitec ne fait que commencer, sur un continent qui est encore à la recherche de son profil énergétique de demain.