Le chanteur Youssou Ndour est candidat à la présidence de la république.
C’est très sérieusement que le chanteur sénégalais de renommée internationale, 52 ans,Youssou Ndour, a annoncé, en ce début d’année, sa candidature à l’investiture suprême. Dans une déclaration diffusé sur Radio Futur Médias (RFM) et la chaîne de télévision Télévision Futur Médfias (TFM), appartenant à son propre groupe, l’artiste et homme d’affaires de 52 ans a déclaré : « C’est un devoir patriotique suprême, le meilleur des dons de soi, je suis candidat ». Plagiant avec un certain humour le président sénégalais, Abdoulaye Wade, 85 ans, élu en 2000 sous le signe de l’ « alternance », il s’est présenté comme « l’alternative à l’alternance ». « You » s’est engagé, s’il est élu président, le 26 février, à réduire immédiatement le train de vie de l’État. « Avant la fin de mon mandat, l’autosuffisance alimentaire sera une réalité. La nourriture pour tous est mon combat », a affirmé le candidat militant, fondateur du mouvement citoyen « Fekke Maci Boolé », qui signifie en wolof, « Je suis là, je m’engage ».
Très critique à l’égard du président Wade et du pouvoir, son groupe médiatique, le plus important du pays, au coeur de la vie politique et des réalités, dénonce chaque jour la corruption des élites et organisent les débats contre le pouvoir ou sur les questions de démocratie. L’un des hommes les plus influents du pays, « Bande-son » du Sénégal, comme certains l’appellent, Youssou Ndour avait demandé au chef de l’État de se retirer et de ne pas se représenter en 2012, après les manifestations du 23 juin dernier. Durement réprimées et d’une ampleur exceptionnelle, elles avaient obligé le président à renoncer à son projet de réformes constitutionnelles lui garantissant sa réélection.
Youssou Ndour, enfant du quartier populaire de Médina, issu d’une caste de griots par sa mère, brillant homme d’affaires, ouvert à la fois sur l’Occident et le monde arabo-musulman, cosmopolite et fortement ancré dans sa culture en même temps, pourrait bien être un sérieux concurrent. Il est l’icône de nombreux Sénégalais dont il représente les aspirations, des Sénégalais fatigués par des années de régime vieillissant, corrompu, élitiste et clientéliste. Son discours enthousiaste, énergique, confiant et réaliste – « mon programme n’est pas une addition de promesses, c’est une prise de rendez-vous ponctuels et fermes tout au long de mon mandat » – a, à son avantage, tranché sur celui, la veille, du président, à la télévision, pour ses voeux à la Nation, au bord de la sénilité.
« You » a-t-il toutes ses chances ? Certains le disent. Ses ennemis ne s’y sont pas trompés en lui envoyant les agents du fisc pour éplucher ses comptes et lui réclamer 1,5 millions d’euros, après la manifestation du 23 juin et ses prises de position. Cela n’a pas été suffisant pour le décourager et il pourrait bien occuper la place vide du candidat fédérateur que l’on n’attendait plus.