C’est un véritable pavé dans la mare qu’a jeté la garde des Sceaux, ministre de la Justice, Aminata Touré. Elle a annoncé une réforme prochaine du Code pénal au terme de laquelle les hommes politiques qui seront reconnus coupables par la justice d’avoir détourné des deniers publics seront frappés d’inéligibilité pendant dix ans. « On ne peut pas comprendre que l’argent public détourné puisse permettre, au terme de la peine, à l’auteur du crime économique de l’utiliser pour se faire réélire ou se mettre en situation de commettre les mêmes forfaits », a justifié la ministre. Sans convaincre tout le monde. Pour le Parti démocratique sénégalais (PDS, de l’ancien président Abdoulaye Wade) dont plusieurs barons, y compris le fils Wade, Karim, sont actuellement poursuivis par la justice pour malversations et détournements présumés, la réforme projetée ne serait qu’un prétexte pour barrer la voie aux opposants et aider l’actuel chef de l’État, Macky Sall, à se maintenir au pouvoir lors des prochaines élections. Le projet, qui sera soumis aux députés à la rentrée parlementaire, divise aussi la société civile, dont une partie estime que les sanctions pénales déjà prévues par la loi suffisent. Il appartiendra au Parlement, dominé par la majorité au pouvoir, de trancher le mois prochain.
Sénégal : les politiciens véreux tremblent
