Le conflit est appelé à s’envenimer entre Rabat et l’Onu dans les jours à venir.
Bras de fer à l’horizon entre l’Onu et le Maroc après que Rabat a accusé jeudi 17 mai l’émissaire de l’Onu pour le Sahara occidental Christopher Ross de mener un travail « partial et déséquilibré », quelques semaines après un rapport des Nations unies sur cette zone conflictuelle, et annoncé qu’il lui retirait sa confiance.
Le rapport de l’Onu mettait en cause des agissements des autorités de Rabat au Sahara occidental, territoire occupé par le Maroc depuis 1975 et revendiqué par le Polisario, soutenu par Alger.
Dans un communiqué obtenu par l’AFP, le gouvernement marocain affirme que le travail de l’émissaire a été marqué par une « méthode déséquilibrée et partiale ».
« Les comportements contrastés de M. Ross s’écartent des grandes lignes qui ont été tracées par les négociations au Conseil de sécurité. Pour cela, le Maroc a décidé de retirer sa confiance » à l’émissaire de l’ONU au Sahara occidental, ajoute le communiqué.
« M. Ross s’est éloigné du mandat qui lui a été confié par le secrétaire général de l’Onu en sa qualité de facilitateur et qui consiste à aider les parties à parvenir à une solution politique », a ensuite déclaré à l’AFP le ministre délégué marocain aux Affaires étrangères Youssef Amrani.
De leur côté l’Onu et Alger ont exprimé leur soutien à Christophe Ross.
À la question de savoir quelle était la réaction de l’Onu après l’annonce, jeudi 17 mai, par le Maroc de sa décision de retirer sa confiance à l’émissaire onusien pour le Sahara occidental, le porte-parole de Ban Ki-moon a répondu : « Nous avons pris connaissance de cette information. Le secrétaire général (de l’Onu) a pleinement confiance en Christopher Ross et si j’ai d’autres commentaires, je vous le ferai savoir ».
Il est à rappeler que dans son rapport sur le Sahara occidental d’avril dernier, le chef de l’Onu avait affirmé que la Minurso (Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental) éprouvait des difficultés pour effectuer ses missions, précisant qu’elle n’est en mesure « ni d’exercer pleinement ses fonctions de surveillance, d’observation et de liaison liées au maintien de la paix, ni d’endiguer, de sa propre autorité, l’érosion de ses capacités de mettre en œuvre son mandat ».
Il avait également relevé que le principe de neutralité de la Minurso « est, depuis de nombreuses années, compromis par le Maroc ». Suite à ce rapport, le Conseil de sécurité de l’Onu avait adopté une résolution sur le Sahara occidental dans laquelle il a réaffirmé la solution permettant « l’autodétermination du peuple sahraoui », tout en insistant sur la nécessité d’une totale liberté de mouvement de la Minurso.
Par ailleurs, lors d’une rencontre qu’il avait eue, vendredi dernier à Washington, avec le ministre marocain des Affaires étrangères, Saad-Eddine El Othmani, le secrétaire d’État adjoint américain, William Burns, avait affirmé que « les États-Unis continuent d’appuyer les efforts visant à trouver une solution pacifique, durable et mutuellement acceptable au conflit du Sahara occidental, y compris le processus de négociation des Nations unies dirigé par l’Envoyé personnel du secrétaire général pour le Sahara occidental, l’ambassadeur Christopher Ross ».
De son côté, l’Algérie a renouvelé le 17 mai son soutien aux efforts « inlassables » menés par M. Ross pour résoudre le problème du Sahara Occidental.
« L’Algérie a toujours soutenu les efforts inlassables menés par l’Ambassadeur Christopher Ross pour accompagner les deux parties, le Maroc et le Front Polisario, dans la recherche d’une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable qui pourvoit à l’autodétermination du peuple du Sahara occidental », selon une déclaration du porte-parole du ministère des Affaires étrangères Amar Belani, transmise à l’AFP.
Le Sahara Occidental est confronté à « des défis réels » que cette étude aborde de manière « lucide » et « courageuse », ajoute le ministère.
Les derniers pourparlers informels entre le Maroc et le Polisario sur le Sahara occidental, en mars près de New York, n’ont apporté aucun progrès sur le fond, avait indiqué M. Ross.
Le diplomate avait annoncé qu’il se rendrait dans la région à la mi-mai, « y compris pour une visite étendue au territoire du Sahara occidental », la première du genre en tant qu’émissaire de l’Onu. Une telle visite paraît désormais compromise.
L’Américain Christopher Ross avait été désigné en janvier 2009 émissaire spécial pour le Sahara par le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon.