Saad Edine Ibrahim est un binational égyptien et américain, professeur de sociologie politique à l’université américaine du Caire, et directeur du centre Ibn Khaldoun pour le développement, activiste laïque, il fut longtemps persécuté par le régime d’Hosni Moubarak.
Une délégation de députés marocains islamistes du PJD, conduite par le député d’Oujda Abdelaziz Aftati, était en une mini-tournée moyen-orientale, les ayant conduits chez Hamas à Gaza et au Caire des Frères musulmans.
Pour rentrer au Maroc, les députés marocains avaient pris un avion d’Egyptair reliant Le Caire à Casablanca.
À bord, ils s’explosèrent de colère, lorsque l’on a diffusé sur l’écran de l’avion, le film américain Spiderman, qui comportait des scènes de baisers entre le héros et l’héroïne du film.
La réaction des députés islamistes marocains, fit scandale et devint la risée des milieux médiatiques et politiques égyptiens.
Furent présents sur le même vol, de hauts commis de l’État égyptien, un haut magistrat de la haute cour égyptienne et un nombre important d’universitaires et d’hommes politiques égyptiens.
Devant ce gotha politiquo-juridico-universitaire égyptien, nos députés islamistes ont reflété une mauvaise image du Maroc, jouant aux « imams redresseurs de torts de l’air » et criant des slogans islamistes dans les allées de l’avion, semant la panique parmi les passagers.
Parmi ces passagers se trouvait l’activiste et droit de l’hommiste égyptien, Saad Edine Ibrahim.
Du Maroc, ce militant égyptien a toujours eu la meilleure des opinions, lorsque le régime de Hosni Moubarak, le persécutait et l’exilait. Il ne ratait pas une occasion, quand il était invité sur les plateaux des télévisions satellitaires, pour faire l’éloge de l’expérience marocaine, se délectant à citer l’IER, la moudawana, le respect des juifs ou l’évolution démocratique au royaume.
Cette scène rocambolesque que lui ont servi Aftati, ses copains et copines, lui fit écrire un article au vitriol relatant le cauchemar qu’il venait de vivre.
Intitulé : « Le baiser qui faillit faire 100 morts à cause d’extrémistes marocains », l’article de Saad Edine Ibrahim, publié dans le média égyptien, Tahrir News, rapporta que le film dès son entame, commençait par la scène d’un baiser entre Spiderman et son amoureuse.
Abdelaziz Aftati quitta son siège alors pour aller voir un Stewart, il lui intima l’ordre d’arrêter la diffusion du film, l’employé égyptien lui tend alors un masque pour les yeux pour dormir, et lui dit : « Monsieur, il y a plus de cent passagers sur l’avion et eux veulent voir le film ».
Il suffit de cette réponse pour que nos députés se mettent de concert à crier, rentrèrent en altercations avec le personnel naviguant égyptien et avec les autres passagers.
« Calmez-vous où j’appelle la police algérienne »
Ibrahim raconta que parmi les marocains, trois épouses voilées de députés islamistes, faisaient voix de la sagesse, essayant de calmer leurs époux et les autres députés, mais en vain.
Saad Edine Ibrahim dit alors qu’une idée courut les rangées, des personnalités égyptiennes présentes, vont voir le commandant de bord et lui disent de menacer via son haut parleur, les députés marocains, que s’ils ne se calment pas, il fera atterrir l’avion à Alger et les livrera en tant que fauteurs de troubles à la police algérienne.
Le pilote s’exécuta et revient 30 minutes plus tard pour annoncer faussement que les autorités algériennes ont accepté de faire dérouter l’avion vers leur aéroport.
L’annonce du pilote, raconte Ibrahim, fit effet bizarre parmi les députés marocains, qui se mirent à se disputer entre eux et s’échanger des accusations, se donnant en piètre spectacle devant les égyptiens ricanant que leur farce a marché.
Les trois épouses suscitées, entrèrent encore en scène, vont voir le pilote et lui demande de transmettre leurs excuses aux passagers et le prièrent de poursuivre sa route vers Casablanca, et éviter l’Algérie car disent elles, les autorités algériennes les maltraiteraient parce que députés marocains.
Les trois dames réussirent, raconte Saad Edine Ibrahim, les égyptiens imposèrent leur film à nos députés qui durent remarquer que la scène finale a été longuement applaudie par les passagers égyptiens, parce qu’elle se termina aussi par un autre long baiser.
Source : Emarrakech