L’arroseur arrosé ? Selon John Helmer, journaliste spécialiste de l’économie russe basé à Moscou depuis 1989, la Russie pourrait utiliser l’arme agro-alimentaire pour infléchir la position turque sur la Syrie.
Selon John Helmer, journaliste spécialiste de l’économie russe basé à Moscou depuis 1989, la Russie pourrait utiliser l’arme agro-alimentaire pour infléchir la position turque sur la Syrie. En effet, la Russie est le troisième importateur de produits turcs après l’Allemagne et la Grande-Bretagne, dont 20% concernent les fruits et légumes, et elle se place au premier rang pour les fraises et les tomates.
À plusieurs reprises, les forces armées turques ont essayé de bloquer des navires russes à destination de la Syrie. Sans doute une fois de trop et c’est la Russie qui lance un avertissement aux Turcs : « Nous pouvons faire la même chose, voire pire ! » leur ont-ils fait clairement comprendre. » Déjà, six jours après la destruction d’un avion espion turc de fabrication américaine, le 22 juin dernier, au-dessus du territoire syrien, l’agence russe sanitaire et des services de quarantaine, Rosselkhoznadzor (RSN) avait publié un communiqué révélant qu’elle avait découvert 33 cas de présence dans les fruits et légumes d’ Hyphantria cunea et de Frankliniella occidentalis, insectes ravageurs, originaire de l’ouest des États-Unis et largement répandus au-delà, aujourd’hui. Ce n’est d’ailleurs certainement pas un hasard si dans le communiqué officiel, ces parasites n’étaient pas nommés par leur nom scientifique, mais comme « chenille américaine blanche » et « thrip occidentale (Californie) des fleurs ». Le RSD exigeait du ministère turc de l’Agriculture qu’il prenne des mesures urgentes de conformité avec les règles phytosanitaires russes et internationales. Puis vinrent des menaces d’embargo sur les importations turques, comme en 2005, lorsque « le Rosselkhoznadzor fut obligé d’introduire des mesures restrictives sur les importations de produits agricoles turcs après la découverte de nuisibles par les services russes de la quarantaine ».
Ce n’est sans doute pas un hasard, non plus, selon John Helmer, si cette menace intervient à ce moment de l’année. En effet, c’est à cette période pré-estivale et estivale que les exportations de fruits et légumes turques vers la Russie sont les plus importantes. Selon les statistiques des douanes russes, en mars, les importations de tomates turques atteignaient, pour le premier trimestre, un record de 97,295 tonnes pour une valeur de $90,8 millions, soit 4% de plus en terme de poids que l’année dernière. Un embargo russe sur les produits agricoles turcs n’aurait pas d’impact sur les consommateurs russes car la Russie a toujours la possibilité de se fournir auprès de pays de l’Asie centrale ou du Caucase en période estivale. En revanche, ce serait une très mauvaise nouvelle pour la Turquie. Une façon de rappeler à Ankara qui est l’allié de qui et que les moyens de pressions sont nombreux et variés.
Source Asia Times on line
Texte en russe : https://www.fsvps.ru/fsvps/news/4877.html