Entre 150.000 et 170.000 véhicules sortiront par an quand l’usine tournera à plein.
Le roi du Maroc Mohammed VI et le PDG du constructeur automobile français Carlos Ghosn Renault inaugurent jeudi au Maroc la nouvelle usine de Tanger, qui sera sa deuxième tête de pont pour développer sa gamme de véhicules « low cost » aux portes de l’Europe.
Pour Renault, l’usine est d’un enjeu primordial. C’est sa première inauguration depuis celle de Curitiba, en 1998 au Brésil. Tanger, où le groupe a investi environ 1 milliard d’euros, est destiné à devenir un pôle central dans son développement.
Aux inquiétudes que suscite chez certains cette implantation de Renault à Tanger, son PDG Carlos Ghosn a assuré qu’elle ne se fait pas au détriment de la France. « Ce n’est pas quelque chose qui se fait au détriment de la France », a affirmé jeudi M. Ghosn à la radio RTL, mais « qui vient au contraire ajouter à la charge de travail en France (…) dans nos ingénieries, dans nos usines moteur, au niveau de nos fournisseurs ». « Et en même temps, nous localisons en France des produits à plus haute valeur ajoutée comme les voitures électriques, les batteries », a poursuivi M. Ghosn.
Le patron de Renault a expliqué que « toutes les productions de cette usine sont des productions que nous qualifions de +low cost+ (…) donc il fallait aller dans des pays dans lesquels il y avait d’un côté une main d’œuvre abondante, qualifiée, et aussi des coûts extrêmement compétitifs ».
« La question du positionnement d’une usine comme cela en Europe de l’Ouest et particulièrement en France ne se posait même pas dès le départ puisque c’était incompatible avec le concept », a-t-il poursuivi en réitérant son engagement à augmenter la production de Renault en France. « Comme vous le savez, je me suis engagé à ce que sur le moyen terme, la production en France de Renault augmente tous les ans », a-t-il dit.
Carlos Ghosn a également insisté sur l’absence de concurrence entre les marques Renault et Dacia. « Je ne pense pas que Dacia soit concurrente de Renault (…) Les clients ne sont pas les mêmes », a-t-il déclaré. Dacia « est au contraire une marque de conquête qui nous permet de rentrer dans les pays émergents et de préparer la venue de la marque Renault en permettant à des personnes qui n’ont pas beaucoup de disponibilités financières pour acheter un véhicule de rentrer dans la marque Dacia et après d’émigrer vers Renault », a-t-il affirmé.
Entre 150.000 et 170.000 véhicules sortiront par an quand l’usine tournera à plein. Les boîtes de vitesse et les moteurs, comme d’autres composants, ne sont pas fabriqués sur place mais importés de France, d’Espagne et de Roumanie. A terme, 6.000 salariés travailleront dans cette usine.
Une seconde ligne est prévue à partir de 2013 pour faire monter la production annuelle à 340.000 unités, voire à 400.000 en travaillant des week-ends. Cela en ferait, en terme de capacité, l’équivalent des sites de Flins (Yvelines) ou de Douai (Nord) en France.
Pour le gouvernement marocain, le site doit permettre de développer une industrie automobile pour l’instant quasi inexistante dans le royaume (hormis l’usine de Somaca à Casablanca) et d’y attirer des sous-traitants pourvoyeurs d’emplois.
Exonéré d’impôt sur les sociétés pendant cinq ans et de taxes d’exportation, l’Etat marocain a aussi mis à disposition du groupe français les infrastructures (autoroute et rail) et financé un centre de formation pour le personnel.
Le terrain de 300 hectares se situe à 30 kilomètres du nouveau port de Tanger Med et à quelques encablures des côtes espagnoles.
Longtemps négligée, la région du Nord est désormais au centre d’une politique de développement étroitement liée à l’Union Européenne et à la Méditerranée. Début 2000, la région était enclavée, souffrait d’une érosion du tissu de ses PME et d’un chômage endémique, à plus de 20%.
D’où le choix stratégique du roi Mohammed VI d’aménager une plateforme logistique et industrielle articulée autour d’un port de dimension mondiale, pour en faire un nouvel « hub » de la Méditerranée à la croisée des grandes routes maritimes. C’est le projet Tanger Med.