L’ « Arlésienne », c’est celle qu’on attend sans cesse et qui ne vient jamais, comme dans l’opéra de Bizet écrit par l’écrivain provençal français Alphonse Daudet. C’est aussi le groupe Renault, constructeur de véhicules automobiles détenu à hauteur de 15% par l’État français.
Dans les années 1970, parlait déjà d’une usine de montage, mais les Algériens eurent le plaisir d’acheter, cher, des Renault 12 fabriquées sous franchise en Roumanie sous la marque Dacia créée en 1968 et rachetée par Renault en 1999.
Aujourd’hui, alors que de nouvelles négociations ont été ouvertes, la construction d’une usine Renault en Algérie n’est toujours pas décidée. Dernier argument du constructeur français, le site choisi par Alger est trop éloigné des bassins de main d’oeuvre qualifiée, c’est-à-dire Alger et Oran, selon une déclaration du ministre de l’Industrie, Mohamed Benmeradi. Pour les Algériens, le choix de Bellara, située dans la wilaya de Jijel et à proximité de la région de Constantine « plate-forme d’industrie mécanique », est justifié par la volonté de créer un équilibre entre les régions en matière d’investissement, en développant, notamment, une zone franche.
Selon Alger, le contrat était sur le point d’être signé début février. Carlos Ghosn, PDG de Renault n’était visiblement pas de cet avis. Sans doute la volonté d’Alger de défendre ses intérêts en mettant en place un partenariat conforme à la législative algérienne, soit 51% Algérie-49% Renault, y est pour quelque chose.
Le 8 février 2012, la même compagnie Renault ouvrait les portes d’une usine géante à Tanger, au Maroc, en présence du roi Mohammed VI et de Carlos Ghosn. Objectif : produire des véhicules low cost (bon marché) pour relayer les capacités de production roumaines arrivées à saturation. Il s’agit d’une véritable délocalisation dont la production est destinée à la France et à l’Europe, avec un objectif de 150 à 170 000 véhicules en 2012, 400 000 en 2013. Elle a, on s’en doute, bénéficié de conditions privilégiées et autres aides étatiques, approuvée par des actionnaires convaincus, ce n’était pas difficile, par la différence du coût de la main d’oeuvre, soit, 240E bruts au Maroc contre 1800E bruts en moyenne en France. On comprend mieux pourquoi l’Arlésienne continue de hanter les couloirs du ministère algérien de l’Industrie.