L’écrivain et éditeur – elle tenait à ces noms masculins – Régine Deforges est décédée jeudi 3 avril à Paris. Elle avait 78 ans. Dans une interview sur France Info, le 16 février dernier, elle rappelait son attachement aux moudjahidines iraniens.
Chaque dimanche, un invité vous présente un événement d’actualité qui l’a marqué. Aujourd’hui, la romancière Régine Deforges se rappelle le jour où l’organisation iranienne des moudjahidines du peuple a cessé d’être considérée comme un mouvement terroriste. Pour l’auteur de La Bicyclette bleue, ces opposantes au régime de Téhéran sont des « héroïnes ».
https://www.franceinfo.fr/monde/memoire-vive/regine-deforges-les-moudjahidines-du-peuple-me-touchent-1308697-2014-02-16
Depuis plus de trente ans, les moudjahidines du peuple combattent le régime iranien. Ces opposants radicaux en exil réclament le renversement du pouvoir clérical. Souvent contesté, ce mouvement a longtemps prôné la lutte armée. Jusqu’en septembre 2012, les Etats-Unis, tout comme l’Europe, le considéraient d’ailleurs comme une organisation terroriste.
Pour Régine Deforges, ces accusations sont infondées : « Pour les fréquenter depuis une dizaine d’années, explique-t-elle, je peux vous dire que je ne me suis rendue compte de rien, ou alors, ajoute-t-elle en souriant, ils sont très forts !«
La romancière est « très touchée par leur combat, le fait qu’ils soient en exil, éloignés de leur pays et qu’ils militent pour un Iran démocratique« .
Mais ces exilés connaissent-ils encore leur pays ? Oui, selon l’écrivain. Et ils sont « très inquiets« , car, selon elle, les enlèvements et les arrestations se multiplient. L’élection du nouveau président, Hassan Rohani, n’aurait rien changé.
Régine Deforges est surtout sensible au fait que le mouvement soit dirigé par des femmes, à commencer par sa présidente, Maryam Radjavi, qu’elle considère comme un « idéal iranien« . La romancière inscrit son combat dans la longue lutte des femmes à travers l’histoire : « A toutes les époques, des groupes de femmes se sont réunis pour lutter contre des dictatures (…) Tout est tellement plus difficile pour elles dans ces pays-là « .
» Les voix des femmes sont peu écoutées (…) Elles ont une forme de lucidité, le courage naturel de se battre pour ce qui leur semble juste « .
Régine Deforges a publié l’an dernier L’enfant du quinze août (Robert Laffont)
Régine Deforges © Radio France – Jean Leymarie