La République démocratique du Congo est bien partie pour entrer dans le Guiness Book des records avec plus de cinq mille évasions en même pas un mois ! Aux quatre mille détenus qui ont fui la prison de Makala, à Kinshasa, le 17 mai dernier, se sont ajoutés soixante-huit autres de la prison de Kasangulu (Kongo central) deux jours plus tard ; quinze évadés supplémentaires de la prison de Matete, à Kinshasa, le 9 juin et encore huit cent trente de la prison de Kangbayi, à Beni (Nord-Kivu) le 11 juin. total : cinq mille treize évadés.
Si à Matete et à Beni les évasions sont dues à des attaques venues de l’extérieur pour libérer les détenus, la grande évasion de Makala continue à susciter des interrogations. Et les rumeurs selon lesquelles le pouvoir recrute des kulunas (bandits) pour créer le chaos afin de justifier le report des élections aux calendes grecques vont bon train. On peut comprendre l’empressement des détenus congolais à s’enfuit des prisons : on y meurt littéralement de faim. Est-ce parce que l’un des fournisseurs, Fleur Ngalula, fille du ministre de la Justice, dont la société a remporté un appel d’offres pour la fourniture de repas, est poursuivie devant la justice belge pour détournements de fonds ? Quant à son père, Alexis Thambwe Mwamba, qui a la tutelle sur les centres pénitentiaires du pays, il est la cible de l’opposition qui réclame sa démission.
Mais l’homme ne sait plus où donner de la tête. Il fait l’objet d’une instruction en Belgique pour crimes contre l’humanité, à la suite de la plainte introduite par les familles des cinquante victimes d’un Boeing 727 de la compagnie Congo Airlines, abattu par un missile Sam 7 le 18 octobre 1998 aux abords de la capitale de la province du Maniema, Kindu. Les plaignants reprochent à Alexis Thambwe Mwamba, à l’époque membre de la direction du mouvement rebelle RCD (Rassemblement congolais pour la démocratie), d’avoir revendiqué l’attentat au micro de Radio France internationale le lendemain de la tragédie.