Différents points de désaccord ont surgi au Congo depuis le décès de l’opposant historique, Etienne Tshisekedi. Une aubaine pour le président Joseph Kabila, toujours au pouvoir, qui voit s’éloigner l’échéance fatale de l’élection.
Le décès brutal du vieux leader de l’opposition congolaise, Etienne Tshisekedi, retarde considérablement la mise en œuvre de l’accord politique signé – à l’arrachée – le 31 décembre 2016. Plusieurs raisons à cela : la coalition de l’opposition peine à lui trouver un remplaçant qui puisse avoir, sinon son charisme, du moins suffisamment de poids politique pour en imposer à tous les membres. Ensuite, les différents mouvements se disputent en sourdine à propos de la future nomination d’un Premier ministre qui fasse consensus. Enfin, les dirigeants et les militants de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) sont en ce moment davantage préoccupés par le retour au Congo de la dépouille de leur leader : les uns et les autres ne sont toujours pas d’accord sur le lieu où devra être exposé le corps. Initialement, c’était prévu à la Gombe, un quartier huppé du nord de Kinshasa, mais aujourd’hui, rien n’est fixé.
En attendant que toutes ces querelles se résolvent, l’épiscopat catholique, médiateur de la crise, appelle à la « patience » et à l’unité du Rassemblement de l’opposition afin que les discussions en cours, portant toujours sur l’application de l’accord de cogestion de la transition, puissent aboutir.
Félix Tshisekedi, fils du défunt, a été désigné le 3 mars comme président de ce Rassemblement et affirme rester dans la « droite ligne » de feu son père. Mais son leadership est déjà remis en question par ceux qui s’affirment être les « héritiers idéologiques » au sein de l’UDPS. Se dessinent déjà au sein du mouvement au moins trois courants distincts.
Quant à Moïse Katumbi, opposant en exil et seul candidat de poids encore déclaré à la prochaine élection présidentielle, il s’est prononcé en faveur de Félix, qualifié de « digne successeur de son père » et apte à « mener notre famille politique dans son combat pour l’alternance. »
Le seul à se réjouir de cette cacophonie est le président sortant Joseph Kabila. Il voit en effet l’échéance électorale – prévue pour la fin 2017 – s’éloigner à tire d’aile, et par conséquent il continue à occuper benoîtement son cher fauteuil.